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ACTE IV.


SCÈNE I. — TOXILE.


Quand vous vous occupez d’une affaire en homme sage et de sang-froid, elle réussit toujours entre vos mains. Selon le soin qu’on y met, la fin répond au commencement. Est-on un coquin, un vaurien, tout ce qu’on entreprend tourne mal ; est-on brave homme, on vient bravement à bon port. Je m’y suis pris en garçon d’esprit et adroit : aussi je ne doute pas que tout ne tourne à bien. Quant à ce digne marchand, je l’entortillerai de telle sorte qu’il ne saura comment se tirer d’intrigue… Hé ! Sagaristion, sors, amène la jeune fille ; prends la lettre que je t’ai remise toute cachetée, et que tu m’as apportée de Perse de la part de mon maître.


SCÈNE II. — SAGARISTION, TOXILE, LA JEUNE FILLE.


SAGARISTION. Ai-je perdu du temps ?

TOXILE. Bravo ! bravo ! te voilà costumé comme un roi. Cette tiare relève admirablement l’éclat de tes habits. Et l’étrangère, ses sandales lui vont à ravir. Avez-vous suffisamment étudié votre rôle ?


SCÈNE III. — DORDALE, TOXILE.


DORDALE, sans voir Toxile. Quand un mortel est aimé des dieux, ils lui procurent quelque aubaine. J’ai fait aujourd’hui une économie de deux pains par jour ; j’avais une servante, c’est lui qui l’a maintenant, il l’a gagnée avec son argent. Elle soupera ce soir aux dépens d’autrui, et ne tâtera pas de ma cuisine. Ne suis-je pas un digne homme ? je suis un brave citoyen, car en ce jour j’ai enrichi d’une citoyenne la grande cité d’Athènes. Mais aussi que j’ai été généreux ! à combien de gens n’ai-je pas donné des marques de ma confiance ! Je n’ai réclamé de caution à personne, je m’en suis rapporté à tout le monde. Je n’ai pas peur que ceux à qui je me suis fié aujourd’hui viennent nier leur dette en justice. A partir de ce moment, je