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TOXILE. Tu as trop d’esprit. Quant à moi, je te rendrai bientôt ton argent au complet : j’ai préparé, j’ai dressé toutes mes batteries pour soutirer la somme au marchand d’esclaves.

SAGARISTION. Tant mieux.

TOXILE. Je veux que ma belle soit libre, et que de plus il me donne de l’argent. Mais suis-moi, j’ai besoin pour cela de ton aide.

SAGARISTION. A ton service.


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ACTE III.


SCÈNE I. — SATURION, LA JEUNE FILLE.


SATURION. Puisse cette aventure se terminer heureusement pour toi, pour moi, pour mon ventre ! puisse-t-elle m’assurer à jamais une copieuse, abondante et inépuisable nourriture ! Suis-moi, ma fille, et que les dieux nous soient en aide. Tu sais, tu te rappelles, tu comprends l’affaire à laquelle il faut donner tes soins ; je t’ai mise au courant de tous mes plans. C’est pour cela que je viens de te parer de ce costume ; on te vendra aujourd’hui, ma fille.

LA JEUNE FILLE. Dites-moi, mon père, vous vous trouvez heureux de vivre à la table d’autrui, soit ; mais comment pouvez-vous vendre votre fille pour contenter votre estomac ?

SATURION. C’est belle merveille que je ne te vende pas pour l’agrément du roi Philippe ou d’Attale plutôt que pour le mien ! n’est-ce pas à moi que tu appartiens ?

LA JEUNE FILLE. Me considérez-vous comme votre servante ou comme votre fille ?

SATURION. Ma foi, c’est selon que mon ventre s’en accommodera le mieux. Au surplus, je pense que tu es à mes ordres et que je ne suis pas aux tiens.

LA JEUNE FILLE. Vous avez tout pouvoir, mon père ; pourtant, puisque nous ne sommes pas de pauvres gens, mieux vaudrait vivre petitement et avec économie : si le déshonneur s’ajoute à la pauvreté, la gêne devient plus lourde et la considération plus légère.

SATURION. En vérité, tu es assommante.

LA JEUNE FILLE. Non, et je ne crois pas l’être, quand malgré