SCÈNE V. — TOXILE, SAGARISTION, SOPHOCLIDISQUE.
TOXILE, à Sophoclidisque. Dis-lui que je sais à présent où trouver l’argent ; qu’elle soit calme ; répète-lui combien je l’aime. En se tranquillisant, elle me tranquillise. Te rappelles-tu bien ce que je t’ai chargée de lui dire ?
SOPHOCLIDISQUE. Oh ! je suis ferrée là-dessus.
TOXILE. Retourne vite à la maison. (Elle s’en va.)
SAGARISTION, à part. Je vais me donner à ses yeux un air d’importance à peindre. Çà, marchons les poings sur les hanches, et redressons-nous glorieusement.
TOXILE, à part. Qu’est-ce donc que cette cruche à deux anses qui vient par ici ?
SAGARISTION. Crachons comme un grave personnage.
TOXILE. C’est Sagaristion. Eh bien, Sagaristion, comment va ? Et ce que je t’ai demandé ? y a-t-il quelque lueur d’espérance ?
SAGARISTION. Avance. On verra, je le voudrais ; viens ; rappelle-moi cela.
TOXILE, voyant un sac sur l’épaule de Sagaristion. Qu’est-ce que tu as donc de si gros au cou ?
SAGARISTION. C’est un abcès, n’appuie pas. Quand on y touche d’une main un peu brusque, cela me fait mal.
TOXILE. Et quand cela t’est-il venu ?
SAGARISTION. Aujourd’hui.
TOXILE. Fais-le ouvrir.
SAGARISTION. Je crains de le faire ouvrir trop tôt ; il me ferait encore plus souffrir.
TOXILE. Je veux voir ce bobo.
SAGARISTION. Va-t’en, gare les coups de cornes.
TOXILE. Comment cela ?
SAGARISTION. J’ai une paire de bœufs dans ma sacoche.
TOXILE. Fais-les sortir, ne les laisse pas crever de faim ; envoie-les paître.
SAGARISTION. J’ai peur qu’ils ne se perdent et que je ne puisse plus les rentrer à l’étape.
TOXILE. Je les y forcerai bien, sois tranquille.
SAGARISTION. Je te crois, je te les prêterai. Viens par ici ; c’est l’argent que.tu m’as demandé tantôt.
TOXILE. Que dis-tu ?
SAGARISTION. Mon maître m’envoie acheter des bœufs à Érétrie, Eh bien, c’est ta maison qui sera mon Érétrie.