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SAGARISTION. Tu recevras des coups de corde.

PEGNION. A cause de vous, hideux coucou ? Quand je vous aplatirais le museau, je n’aurais pas peur pour cela, vieille carcasse.

SAGARISTION. Je vois, tu as déjà l’échine pliée.

PEGNION. Je suis comme cela : est-ce que cela vous regarde ? Mais ce n’est pas gratis, comme vous.

SAGARISTION. Quelle assurance !

PEGNION. C’est vrai, ma foi ; je suis sûr de devenir libre, et vous n’espérez pas l’être jamais.

SAGARISTION. Cesseras-tu enfin de me turlupiner ?

PEGNION. Vous ne pouvez vous-même faire ce que vous demandez.

SAGARISTION. Va-t’en au gibet.

PEGNION. Et vous chez vous, il vous y attend.

SAGARISTION. Le drôle me donne assignation.

PEGNION. Puissiez-vous ne pas trouver de répondants et moisir en prison !

SAGARISTION. Qu’est-ce à dire ?

PEGNION. Quoi donc ?

SAGARISTION. Tu m’insultes encore, scélérat ?

PEGNION. C’est bien le moins, puisque vous êtes esclave, qu’un esclave puisse vous dire votre fait.

SAGARISTION. Vraiment ? tu vas voir ce que je te donnerai.

PEGNION. Rien du tout, car vous n’avez rien.

SAGARISTION, Que je mette la main sur toi, je veux bien que les dieux m’exterminent, si je ne te cloue à terre à coups de poing.

PEGNION. Je suis votre ami, je désire que vos vœux soient exaucés, et voici comment : clouez-moi à terre, et que d’autres un de ces jours vous clouent à la potence.

SAGARISTION. Que les dieux et les déesses… tu sais ce que j’allais dire si je n’avais retenu ma langue : va-t’en.

PEGNION. Vous n’avez pas de peine à me chasser : je sens déjà le vent des verges. (Il s’en va.)

SAGARISTION. Que tous les dieux de là-haut le confondent ! C’est un vrai serpent, une double langue, un coquin. Par Hercule, je suis content qu’il soit parti… Ouvrez la porte. Eh ! justement il sort, celui que je désirais tant rencontrer.