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dire et beau faire, vous ne serez jamais plus maligne que moi.

SOPHOCLIDISQUE. On aurait fort à faire pour lutter de malice avec toi.

PEGNION. Oh ! la bonne marchandise !

SOPHOCLIDISQUE. Qu’as-tu à craindre ?

PEGNION. Ce que vous craignez aussi.

SOPHOCLIDISQUE. Qu’est-ce ? parle.

PEGNION. Avant que je le dise à personne, tous les muets feront aller leur langue.

SOPHOCLIDISQUE. On m’a bien recommandé aussi de ne me confier à qui que ce soit ; avant que je parle, il faut que tous les muets aient parlé. Mais, écoute, donnons-nous parole, et ouvrons-nous l’un à l’autre.

PEGNION. Connu ! La parole de celles de votre sorte ne pèse guère ; serment de courtisane, autant en emporte le vent.

SOPHOCLIDISQUE. Parle, je t’aimerai.

PEGNION. Parlez, je vous aimerai.

SOPHOCLIDISQUE. Je ne veux pas que tu m’aimes.

PEGNION. Vous serez exaucée sans peine.

SOPHOCLIDISQUE. Garde ta confidence.

PEGNION. Et vous, restez bouche close.

SOPHOCLIDISQUE. On se taira.

PEGNION. On ne dira rien.

SOPHOCLIDISQUE. Je porte cette lettre à Toxile, ton maître.

PEGNION. Allez, il est à la maison. Et moi je porte ces tablettes cachetées à Lemniséléné, votre maîtresse.

SOPHOCLIDISQUE. Qu’y a-t-il d’écrit là ?

PEGNION. Si vous n’en savez rien, je suis logé à la même enseigne. C’est sans doute un billet doux.

SOPHOCLIDISQUE. Je m’en vais.

PEGNION. Et moi aussi.

SOPHOCLIDISQUE. Marche.


SCÈNE III. — SAGARISTION.


Souverain et glorieux Jupiter, fils d’Ops, dieu très-haut, très- fort, tout-puissant, dispensateur des biens, des espérances et des richesses, reçois les actions de grâces que t’adresse un cœur joyeux ; je puis, en ami dévoué, secourir un ami dans la détresse, avec cet argent que je trouve à emprunter. Cette occasion que ni dans mes rêves ni dans mes méditations je ne