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PEGNION. Quand je parle de vous comme vous méritez, je ne dis rien de mal.

SOPHOCLIDISQUE. Que fais-tu maintenant ?

PEGNION, la regardant fixement. Je regarde une coquine de femme qui est en face de moi.

SOPHOCLIDISQUE. Par ma foi, je n’ai jamais vu une pareille petite peste.

PEGNION. Qu’est-ce que je fais de mal ? à qui est-ce que je dis du mal ?

SOPHOCLIDISQUE. A tout le monde, quand l’occasion s’en présente.

PEGNION. Jamais personne n’a eu de moi cette idée.

SOPHOCLIDISQUE. Oh ! il y a, ma foi, bien des gens qui le gavent.

PEGNION. Bah !

SOPHOCLIDISQUE. Bah !

PEGNION. Vous jugez de l’esprit d’autrui par le vôtre.

SOPHOCLIDISQUE. Je conviens que je suis ce que doit être la servante d’un marchand d’esclaves.

PEGNION. C’est assez causer.

SOPÉOCLIDISQUE. Et toi, n’avoues-tu pas que tu es tel que je dis ?

PEGNION. Je l’avouerais, si cela était.

SOPHOCLIDISQUE. Allons, je suis battue.

PEGNION. Alors, bonsoir.

SOPHOCLIDISQUE. Dis-moi, où vas-tu ?

PEGNION. Et vous ?

SOPHOCLIDISQUE. Pis d’abord ; tu es interrogé le premier.

PEGNION. Et je répondrai le dernier.

SOPHOCLIDISQUE. Je vais à deux pas d’ici.

PEGNION. Et moi à deux pas d’ici.

SOPHOCLIDISQUE. Où donc, petit drôle ?

PEGNION. Si vous ne m’instruisez d’abord, vous ne saurez pas ce que vous me demandez.

SOPHOCLIDISQUE. Eh bien, par Castor, je ne te dirai rien avant que tu n’aies parlé toi-même.

PEGNION. Oui ?

SOPHOCLIDISQUE. Oui.

PEGNION. Vous êtes une rouée.

SOPHOCLIDISQUE. Et toi un madré.

PEGNION. Cela me va.

SOPHOCLIDISQUE. Cela ne me va pas, à moi.