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SATURION. Qu’il la garde, si je ne la prends pas sur-le-champ.

TOXILE. Va, occupe-toi de tout cela. Pendant ce temps, j’enverrai un petit garçon dire à ma belle qu’elle prenne courage, que je terminerai la chose aujourd’hui. Mais c’est trop de paroles.



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ACTE II.


SCÈNE I. — SOPHOCLIDISQUE, LEMNISÉLÉNÉ.


SOPHOCLIDISQUE. Bon pour une novice, une étourdie, une sotte, de s’entendre rabâcher tant de fois la même chose. A la fin, vous avez l’air de me prendre pour une grosse buse. Je bois du vin, c’est vrai, mais je n’avale pas en même temps les ordres qu’on me donne. Je supposais que vous étiez assez au fait de ma personne et de mon caractère, car voici, ma foi, cinq ans que je suis votre soubrette. Si on avait envoyé aussi longtemps un coucou à l’école, il commencerait à connaître pas mal ses lettres, et vous, grande comme vous êtes, vous ne me connaissez pas mieux qu’un enfant de deux jours. Voulez bien vous taire, et cesser vos avertissements ! Je me souviens, je sais, je possède tout cela sur le bout de mon doigt. Vous aimez, pauvre petite, cela vous fait bouillonner le cœur : bon, bon, nous saurons calmer tout cela.

LEMNISÉLÉNÉ. On est bien à plaindre d’aimer ! (Elle rentre.)

SOPHOCLIDISQUE. Eh ! qui n’aime rien ne vaut rien : que signifie alors la vie ?… Il faut aller remplir les ordres de ma maîtresse, et hâter par mes soins son affranchissement. Allons trouver ce Toxile, et décharger dans son oreille le message qu’on m’a confié.


SCÈNE II. — TOXILE, PEGNION, SOPHOCLIDISQUE.


TOXILE, à Pegnion. Est-ce clair et positif ? As-tu bien compris ? te rappelles-tu bien ?

PEGNION. Mieux que vous qui m’avez fait la leçon.

TOXILE. Est-ce vrai, tête à soufflets ?

PEGNION. Tout à fait vrai.

TOXILE. Çà, que t’ai-je dit ?

PEGNION. Je saurai bien le lui dire.

TOXILE. Tu as oublié.