Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’affranchir, et que je te rendrai d’ici à trois ou quatre jours. Allons, si tu es un bon garçon, viens-moi en aide.

SAGARISTION. Eh quoi, impudent, tu as le front de me demander une si grosse somme ? Mais quand je me vendrais tout entier, de la tête aux pieds, c’est à peine si je me procurerais ce qu’il te faut. C’est comme si tu voulais tirer de l’eau d’une pierre, et d’une pierre qui a soif.

TOXILE. C’est ainsi que tu en uses avec moi ?

SAGARISTION. Que puis-je faire ?

TOXILE. Tu le demandes ? Emprunte quelque part.

SAGARISTION. Fais toi-même ce dont tu veux me charger.

TOXILE. J’ai cherché, je n’ai pas trouvé.

SAGARISTION. Je chercherai aussi, je verrai si l’on veut me prêter.

TOXILE. Alors je suis sûr de mon affaire.

SAGARISTION. Si j’avais cela chez moi, je te donnerais parole tout de suite ; tout ce que je peux, c’est de m’y employer de tout cœur.

TOXILE. Quel que soit le résultat, reviens me trouver.

SAGARISTION. Cherche toujours ; je ne m’épargnerai pas ; et si j’ai du nouveau, je te le ferai savoir.

TOXILE. Je t’en prie, je t’en conjure, sois-moi un bon camarade.

SAGARISTION. Tu m’assassines.

TOXILE. C’est la faute de l’amour, et non la mienne, si je. deviens rabâcheur. Mais je te quitte.

SAGARISTION. Tu t’en vas ?

TOXILE. Bonne promenade. Et reviens au plus vite ; ne te fais pas chercher. Je ne bougerai pas de la maison que je n’aie trouvé quelque tour à jouer à ce marchand de chair humaine.


SCÈNE II. — SATURION.


Je demeure fidèle au bon vieux métier qui me fait vivre, j’y consacre toute mon industrie. Il n’y a pas un seul de mes ancêtres qui ne se soit garni la panse en faisant le parasite. Mon père, mon grand-père, mon bisaïeul, mon trisaïeul, mon quatrième et mon cinquième aïeuls, ont toujours rongé comme des rats la pitance du prochain, et jamais personne n’a pu les surpasser en gloutonnerie. On les avait surnommés les Durs Crânes. C’est de mes ancêtres que je tiens et ma profession et mon rang. Je ne veux pas me faire délateur ; il ne me sied pas d’aller,