SAGARISTION. Et que fait-on ?
TOXILE. On vit.
SAGARISTION. Mais est-on content ?
TOXILE. Oui, assez, pourvu que ce que je souhaite se réalise.
SAGARISTION. Tu es un nigaud, tu n’uses pas de tes amis.
TOXILE. Comment cela ?
SAGARISTION. On se fait servir par eux.
TOXILE. Je te croyais mort, depuis le temps que je ne t’ai vu.
SAGARISTION. Ma foi, j’avais une affaire.
TOXILE. Dans les fers, peut-être.
SAGARISTION. Oui, pendant plus d’un an j’ai été attaché à la meule, comme un tribun à verge.
TOXILE. Tu comptes déjà, dans ce genre-là, des années de service.
SAGARISTION. Et toi, t’es-tu bien porté toujours ?
TOXILE. Pas trop bien.
SAGARISTION. C’est vrai, tu es pâle.
TOXILE. J’ai été blessé ; Cupidon m’a traversé le cœur d’une flèche dans les combats de Vénus.
SAGARISTION. Les esclaves sont donc amoureux, à présent ?
TOXILE. Que faire donc ? résister aux dieux ? leur déclarer la guerre, comme les Titans ? Je ne suis pas de force.
SAGARISTION. Prends garde seulement que les catapultes de bouleau ne t’endommagent les flancs.
TOXILE. Oh ! je célèbre royalement les fêtes de la Liberté.
SAGARISTION. Comment cela ?
TOXILE. Mon maître est en voyage.
SAGARISTION. Vraiment ! en voyage !
TOXILE. Si tu ne crains pas la bonne chère, viens, nous vivrons ensemble, tu seras traité comme un roi.
SAGARISTION. Ah ! les épaules me cuisent rien qu’à t’entendre parler.
TOXILE. Il n’y a qu’une chose qui me tourmente.
SAGARISTION. Laquelle ?
TOXILE. Ce jour est le jour fatal qui doit décider si ma maîtresse sera libre ou si elle restera toujours esclave.
SAGARISTION. Que veux-tu donc ?
TOXILE. Tu peux te faire de moi un ami à la vie et à la mort.
SAGARISTION. Comment cela ?
TOXILE. En me donnant six cents pièces que je verserai pour