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TRANION. C’est un piège. Faites que je n’aie rien à craindre, prenez la peur pour vous.

THEUROPIDE. Le reste m’est bien moins à cœur que la façon dont il m’a dupé.

TRANION. C’est bien fait, ma foi ; j’en suis ravi. À votre âge, avec des cheveux blancs, il faut avoir du nez.

THEUROPIDE. Que ferai-je maintenant, si mon ami Démiphon, ou Philonide…

TRANION. Dites-leur comment votre esclave vous a fait voir le tour : vous fournirez des scènes ravissantes aux comédies.

CALLIDAMATE. Tais-toi un moment, et laisse-moi parler aussi. (À Theuropide.) Écoutez.

THEUROPIDE. Voyons.

CALLIDAMATE. D’abord, vous saurez que je suis l’ami de votre fils. Il est venu me trouver, il n’ose paraître en votre présence, parce qu’il vous sait instruit de sa conduite. Allons, je vous en prie, pardonnez à sa jeunesse, à son étourderie ; c’est votre enfant. Vous savez bien que c’est le jeu qu’on joue à cet âge. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait avec nous, c’est nous qui sommes les coupables. Intérêt, capital, achat de la maîtresse, nous payerons tout, nous nous cotiserons ; c’est notre bourse et non la vôtre, qui pâtira.

THEUROPIDE. On ne pouvait m’envoyer un ambassadeur plus capable de me persuader. Je ne suis pas fâché contre lui, je ne lui en veux pas. Bien mieux, en ma présence, qu’il aime, qu’il boive, qu’il fasse ce qu’il lui plaira. Pourvu qu’il regrette d’avoir tant dépensé, je suis satisfait.

CALLIDAMATE. Il en est au désespoir.

TRANION. Voilà un pardon accordé ; et moi, à présent, que vais-je devenir ?

THEUROPIDE. Tu seras attaché au gibet, infâme, et déchiré de verges.

TRANION. Malgré mon repentir ?

THEUROPIDE. Je te ferai crever, si les dieux me laissent vivre.

CALLIDAMATE. Faites-lui grâce tout entière. Je vous en prie, pardonnez ses torts à Tranion, faites-le pour moi.

THEUROPIDE. J’accorderai tout plutôt que de renoncer à exterminer ce coquin pour des tours si pendables.

CALLIDAMATE. Allons, laissez-le.

THEUROPIDE. Eh ! voyez un peu l’attitude de ce maraud.

CALLIDAMATE. Tranion, tiens-toi tranquille, si tu as un grain de bon sens.