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ressortent au bout de quelque temps.) Eh bien, que vous semble de notre marché ?

THEUROPIDE. J’en suis tout joyeux.

TRANION. Cela vous parait-il trop cher ?

THEUROPIDE. Je ne me rappelle ma foi pas avoir vu jamais donner une maison à si vil prix.

TRANION. Et vous plait-elle ?

THEUROPIDE. Si elle me plaît ? belle demande ! j’en suis ravi.

TRANION. Et le gynécée ? et le portique ?

THEUROPIDE. C’est terriblement beau. Je ne pense pas qu’il y en ait d’aussi grand dans un édifice public.

TRANION. Philolachès et moi nous les avons mesurés tous.

THEUROPIDE. Eh bien ?

TRANION. Celui-ci est le plus long.

THEUROPIDE. Dieux immortels ! l’excellente emplette ! On m’en donnerait six grands talents d’argent, que je ne les accepterais pas.

TRANION. Et vous voudriez les accepter, maître, que je vous en empêcherais.

THEUROPIDE. Nous avons fait là un bon placement de fonds.

TRANION. Et vous pouvez dire hardiment que c’est par mon conseil et à mon instigation ; c’est moi qui l’ai décidé à emprunter de l’argent à l’usurier pour donner des arrhes.

THEUROPIDE. Tu as sauvé la barque. Tu dois donc quatre-vingts mines à Simon ?

TRANION. Pas une obole de plus.

THEUROPIDE. Il les touchera aujourd’hui.

TRANION. C’est bien vu. Et, de crainte de chicane, comptez-les-moi, je les lui compterai ensuite.

THEUROPIDE. Mais pour ne pas me laisser prendre, si je te les remets…

TRANION. Est-ce que j’oserais, même par plaisanterie, vous tromper en paroles ou en action ?

THEUROPIDE. Est-ce que j’oserais te rien confier sans prendre mes précautions ?

TRANION. Est-ce que, depuis que je vous appartiens, je vous ai jamais attrapé ?

THEUROPIDE. C’est que j’ai pris mes mesures pour cela : j’en suis redevable à moi-même, à ma prudence. Je me trouve assez fin si je parviens à me garer de toi seul.

TRANION. C’est aussi mon avis.