Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Simon, qui sort. Je vais me retirer par ici, pour tenir conseil dans ma tête. Je l’accosterai quand j’aurai trouvé mon expédient.



SCÈNE III. — SIMON, THEUROPIDE, TRANION.


SIMON, sans voir personne. De toute l’année je ne me suis pas si bien régalé chez moi ; jamais repas ne m’avait fait tant de plaisir. Ma femme m’a servi un dîner excellent. Maintenant elle me conseille d’aller dormir : mais non. Cela ne me dit rien comme cela tout de suite. La vieille m’a traité mieux qu’a l’ordinaire ; c’est qu’elle voulait m’emmener dans la chambre à coucher. Le sommeil ne vaut rien quand on sort de table : merci ! Je me suis échappé tout doucettement de la maison ; maintenant, j’en suis sûr, elle est toute, gonflée de colère.

TRANION, à part. Le bonhomme s’est préparé une triste soirée ; il aura chez lui mauvais souper et mauvais lit.

SIMON. Plus je réfléchis, plus je le reconnais : quand on a une femme richement dotée, on n’est pas tenté de dormir, le lit fait horreur. Pour mon compte, je suis bien résolu à m’en aller sur la place plutôt que de me coucher au logis. (Aux spectateurs.) Je ne sais de quelle humeur sont les vôtres ; ce que je ne sais que trop, c’est combien la mienne est acariâtre avec moi, et elle va le devenir encore davantage.

TRANION à part. Si ta sortie ne réussit pas, vieillard, tu ne pourras en accuser aucun des dieux, tu auras, toute raison de t’en prendre à toi-même. Mais c’est le moment d’aborder le bonhomme ; il est touché, j’ai trouvé de quoi le duper ; ma ruse me sauvera du châtiment. Avançons. (Haut.) tes dieux vous tiennent en joie, Simon !

TRANION. Bonjour, Tranion.

TRANION. Comment vous portez-vous ?

SIMON. Pas mal, et toi ?

TRANION, lui prenant la main. Je tiens un excellent homme.

SIMON. Voilà un compliment qui m’a fait plaisir.

TRANION. Il est bien placé.

SIMON. Mais moi, par Hercule, je ne tiens pas un bon serviteur.

TRANION. Comment cela, Simon ?

SIMON. Eh bien ! À quand ?

TRANION. Quoi donc ?

SIMON. Ce qui recommence tous les jours.