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L’USURIER. Notre homme est à sec.

TRANION. Notre homme est devin.

L’USURIER. Laissez là ces plaisanteries.

TRANION. Eh bien, que voulez-vous ? voyons.

L’USURIER. Où est Philolachès ?

TRANION. Vous ne pouviez arriver plus à propos pour moi.

L’USURIER. Qu’est-ce ?

TRANION. Venez par ici.

L’USURIER. Qu’on me rende mon argent.

TRANION. Je sais que vous avez bon creux, ne criez pas si fort.

L’USURIER. Je veux crier, moi.

TRANION. Ah ! ayez un peu de complaisance.

L’USURIER. Quelle complaisance voulez-vous que j’aie ?

TRANION. Allez-vous-en chez vous, je vous prie.

L’USURIER. Que je m’en aille ?

TRANION. Revenez vers midi.

L’USURIER. Me payera-t-on mes intérêts ?

TRANION. Oui, mais pour le moment allez-vous-en.

L’USURIER. À quoi bon revenir ? Je perdrai ma peine ou mon temps. Si je restais plutôt ici jusqu’à midi ?

TRANION. Non, allez chez vous, je vous le dis sérieusement : partez enfin.

L’USURIER. Que ne me payez-vous mes intérêts ? Pourquoi tant de sornettes ?

TRANION. Bien ? ma foi ; mais… tenez, allez-vous-en, croyez-moi.

L’USURIER. Tout à l’heure, par Hercule, je. vais lui dire son fait.

TRANION. Bravo ! courage ! cela vous avance beaucoup de crier.

L’USURIER. Je réclame mon dû. Voilà plusieurs jours que vous me faites aller comme cela. Si je vous ennuie, rendez-moi mon argent, je m’en retournerai. D’un seul mot vous ferez cesser toutes mes importunités.

TRANION. Acceptez le capital.

L’USURIER. Non, l’intérêt, l’intérêt d’abord.

TRANION. Çà, le plus abominable des hommes, êtes-vous venu ici pour essayer vos poumons ? contentez-vous de ce qui est possible. Il ne paye pas, il ne doit pas.

L’USURIER. Il ne doit pas ?

TRANION. Vous ne tirerez pas de lui un denier. Aimez-vous