Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaise conscience, comme est la mienne. Mais, quoi qu’il en soit, je continuerai d’embrouiller les choses : la situation le veut. (À Theuropide.) D’où venez-vous ?

THEUROPIDE. J’ai été trouver celui à qui j’ai acheté cette maison.

TRANION. Vous ne lui avez pas parlé de ce que je vous ai dit ?

THEUROPIDE. Si fait, ma foi, je lui ai tout dit.

TRANION, à part. Aie ! J’en ai bien peur, voilà tout mon échafaudage bousculé.

THEUROPIDE. Qu’est-ce que tu marmottes ?

TRANION. Rien ; mais dites-moi, vous lui en avez parlé ?

THEUROPIDE. Oui, te dis-je, je lui ai raconté tout de point en point.

TRANION. Et avoue-t-il, pour son hôte ?

THEUROPIDE. Non, il nie absolument.

TRANION. Il nie ?

THEUROPIDE. Oui, il nie.

TRANION, à part. C’est fait de moi, quand j’y pense ! (Haut.) Ainsi, il n’avoue pas ?

THEUROPIDE. S’il avait avoué, je te le dirais. Que me conseilles-tu maintenant ?

TRANION. Ce que je vous conseille ? Eh ! ma foi, prenez un arbitre ;/mais choisissez quelqu’un qui s’en rapporte à moi ; vous ne ferez qu’une bouchée de votre homme, comme un renard d’une poire.

L’USURIER. Eh ! j’aperçois Tranion, l’esclave de Philolachès ; ces gens-là ne me payent ni intérêt ni principal.

THEUROPIDE, à Tranion. Où vas-tu ?

TRANION. Je ne m’en vais pas. (À part.) Ah ! je suis un malheureux, un misérable, né sous une triste étoile ! Il va m’aborder devant le vieillard ; oui, en vérité, je suis bien malheureux ! De tous côtés on me suscite des embarras. Allons, je veux lui parler le premier.

L’USURIER. Il vient à moi, je suis sauvé, j’ai de l’espoir pour mon argent. TRANION. Ce coquin se réjouit mal à propos… Bonjour, Misargyride[1].

L’USURIER. Bonjour. Et mon argent ?

TRANION. Peste soit de l’animal ! En m’abordant il me lance un pavé.

  1. Qui n’aime pas l’argent.