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TRANION. Je ne crains rien ; je suis en paix avec les morts.

THEUROPIDE. Hé, Tranion !

TRANION. Ne m’appelle pas, si tu es raisonnable. Je n’ai rien fait, je n’ai pas frappé à cette porte.

THEUROPIDE. Qu’est-ce qui te chagrine ? qu’est-ce qui t’agite, Tranion ? avec qui parles-tu là ?

TRANION. C’est donc vous qui m’avez appelé ? Par tous les dieux, j’ai cru que c’était le mort qui se plaignait parce que vous avez frappé à la porte. Mais vous restez là, vous ne faites pas ce que je vous dis ?

THEUROPIDE. Que dois-je faire ?

TRANION. Ne retournez pas la tête ; fuyez, voilez-vous.

THEUROPIDE. Et pourquoi ne fuis-tu pas, toi ?

TRANION. Je suis en paix avec les morts.

THEUROPIDE. Je le sais ; mais alors qu’avais-tu tout à l’heure ? pourquoi ce grand effroi ?

TRANION. Ne vous inquiétez pas de moi, vous dis-je ; je me tirerai d’affaire. Vous, continuez de vous éloigner au plus vite, et invoquez Hercule.

THEUROPIDE. Hercule, je t’invoque. (Il sort.)

TRANION. Et moi aussi, vieillard, pour qu’il te torde le cou aujourd’hui. Dieux immortels, protégez-moi, vous voyez quelle besogne je viens de faire.




ACTE III.


SCÈNE I. — L’USURIER, THEUROPIDE, TRANION.


L’USURIER. Je n’ai pas encore vu d’année plus détestable que celle-ci pour les placements de fonds. Je passe toute ma journée sur la place du matin au soir, sans trouver à qui prêter une obole.

TRANION, à part. A présent, me voilà, ma foi, perdu sans ressource. C’est l’usurier qui nous a prêté de l’argent pour acheter la belle et fournir à nos dépenses. Tout est découvert, si je ne prends les devants, si je n’empêche le vieillard d’être instruit : allons à sa rencontre. (Il voit Theuropide.) Oh, oh ! pourquoi revient-il si vite à la maison ? Je crains qu’il ne soit venu quelque chose à ses oreilles. Avançons, parlons-lui : ah ! quelle angoisse j’éprouve ! Rien n’est plus terrible qu’une mau-