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PYRGOPOLINICE. Je le sais, je m’en suis aperçu bien des fois dans le temps, mais surtout aujourd’hui.

PALESTRION. Vous le saurez : je veux qu’aujourd’hui même vous puissiez en parler plus sûrement encore.

PYRGOPOLINICE. Je ne sais ce qui me retient de te dire de rester.

PALESTRION. On dirait que vous êtes un menteur, un trompeur, un homme sans foi ; on ajouterait que de tous vos esclaves je suis le seul fidèle. Si je croyais que vous pouvez le faire avec honneur, je vous le conseillerais ; mais cela ne se peut : gardez-vous en bien.

PYRGOPOLINICE. Va-t’en alors, je me résigne à tout.

PALESTRION. Adieu donc.

PYRGOPOLINICE. Allonge le pas.

PALESTRION. Adieu. (Il sort.)

PYRGOPOLINICE. Jusqu’à ce jour, je l’avais regardé comme le pire des esclaves ; mais je reconnais qu’il m’est attaché. En y songeant, j’ai fait une sottise de m’en défaire. Mais allons à présent retrouver mes amours. Eh ! j’entends la porte qui s’ouvre.


SCÈNE IX. — UN ESCLAVE, PYRGOPOLINICE.


L’ESCLAVE, à quelqu’un qui est chez Péripleclomène. Pas tant de recommandations, je sais mon métier. Je l’aurai bientôt trouvé ; qu’il soit où il voudra, je suivrai sa piste, je ne plaindrai pas mes peines.

PYRGOPOLINICE. Ce garçon me cherche, je vais à sa rencontre.

L’ESCLAVE. Ah ! c’est justement à vous que j’en ai. Salut, le plus aimable, le plus délicieux des hommes, vous, entre tous les mortels, le favori de deux divinités.

PYRGOPOLINICE. Lesquelles ?

L’ESCLAVE. Mars et Vénus.

PYRGOPOLINICE. Le joli garçon !

L’ESCLAVE. Elle vous supplie de venir. Elle vous veut, elle vous désire, elle languit à vous attendre : allez consoler celle qui vous aime. Eh bien, vous restez là ? vous n’entrez pas ?

PYRGOPOLINICE. J’y vais. (Il sort.)

L’ESCLAVE. Il se jette lui-même dans le filet. Le piége est dressé : le vieillard est en posture, prêt à attaquer ce libertin si lier de sa beauté ; il croit que toutes les femmes à première vue tombent amoureuses de lui, tandis qu’hommes et femmes le