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PALESTRION. Vous y êtes.

ACROTÉLEUTIE. D’avoir quitté mon mari à cause de cet amour, parce que je brûle de l’épouser.

PALESTRION. C’est cela de point en point ; ajoutez seulement une chose : dites que cette maison est votre dot, que le vieillard en est sorti depuis que vous avez divorcé ; il ne faut pas que tout à l’heure il craigne de s’introduire chez autrui.

ACROTÉLEUTIE. Le conseil est bon.

PALESTRION. Dès qu’il paraîtra, tenez-vous un peu à l’écart, ayez l’air de faire peu de cas de votre beauté en comparaison de la sienne, de révérer sa grande fortune ; louez sa tournure, sa grâce, sa mine, ses attraits. La leçon est-elle complète ?

ACROTÉLEUTIE. Suffit. Serez-vous content si je m’acquitte de mon rôle si parfaitement que vous n’y puissiez rien reprendre ?

PALESTRION. Je le serai. (A Pleuside.) Maintenant, je vais vous donner aussi vos instructions.

PLEUSIDE. Parle.

PALESTRION. Aussitôt qu’elle aura fait ce que je viens de dire, et qu’elle sera rentrée, venez ici sans perdre de temps en habit de matelot, avec une casquette noire, un cache-nez en laine sur les yeux, un petit manteau noir (c’est la couleur des marins), attaché sur l’épaule gauche de manière à laisser le bras libre, une ceinture quelconque ; vous passerez pour le pilote. Tout cela, vous le trouverez chez notre vieil ami, qui a des pêcheurs.

PLEUSIDE. Et après ? quand je serai accoutré comme tu le désires, que ferai-je ?

PALESTRION. Venez ici, demandez Philocomasie de la part de sa mère ; dites que si elle veut partir pour Athènes, elle vous accompagne bien vite au port, et que si elle a des bagages, elle les fasse mener au vaisseau ; ajoutez que si elle ne vient pas, vous allez mettre à la voile, que le vent est favorable.

PLEUSIDE. La description me plaît, poursuis.

PALESTRION. Aussitôt notre homme la pressera de partir, de se hâter, de ne pas retarder sa mère.

PLEUSIDE. Que tu as d’esprit !

PALESTRION. Je lui dirai qu’elle me demande, pour l’aider à conduire son bagage à bord. Il me commandera d’aller avec elle ; et moi, pour que vous le sachiez bien, je vous accompagnerai tout d’un trait à Athènes.

PLEUSIDE. Et quand tu y seras arrivé, je ne veux pas qu’il se passe trois jours avant que je te donne ta liberté.

PALESTRION. Allez donc, et costumez-vous.