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LIBAN. Soit. Mes oreilles attendent les nouvelles que tu apportes.

LÉONIDAS. Attention ! tu vas en savoir autant que moi.

LIBAN. Je me tais.

LÉONIDAS. Ce n’est pas dommage. Te souvient-il que notre maître d’hôtel a vendu des ânes d’Arcadie à un marchand de Pella ?

LIBAN. Oui. Après ?

LÉONIDAS. Après ? Le marchand a envoyé l’argent pour le remettre à Sauréa ; un homme vient d’apporter la somme.

LIBAN. Où est-il ?

LÉONIDAS. On dirait que tu veux l’avaler à première vue.

LIBAN. Oui, certes. Mais tu parles sans doute de ces vieilles bourriques boiteuses, qui ont la corne usée jusqu’au jarret ?

LÉONIDAS. Oui, celles qui rapportaient pour toi des champs ces bonnes baguettes d’ormeau.

LIBAN. J’y suis ; les mêmes qui te portèrent à la campagne pieds et poings liés.

LÉONIDAS. Tu as bonne mémoire. Enfin, j’étais assis chez le barbier ; notre homme se mit à me questionner : « Connaissez-vous Déménète, fils de Straton ? » Et moi de répondre bien vite que oui ; puis j’ajoute que je suis son esclave et je lui indique la maison.

LIBAN. Poursuis.

LÉONIDAS. « J’apporte, reprend-il, de l’argent au maître d’hôtel Sauréa, vingt mines, pour des ânes ; je ne le connais pas, mais je connais bien Déménète. » À peine avait-il fini…

LIBAN. Eh bien ?

LÉONIDAS. Écoute donc, et tu sauras. Aussitôt je fais le beau et l’homme d’importance. « C’est moi, lui dis-je, qui suis le maître d’hôtel. — Par ma foi, répond-il, je ne connais pas Sauréa et ne sais quelle figure il a. Ne vous formalisez donc pas ; amenez, si vous voulez, votre maître Déménète, que je connais, et à l’instant même vous recevrez l’argent. » Je lui ai promis d’amener Déménète et de me trouver à la maison. En attendant, il va aller au bain, puis il viendra ici. Et maintenant, quel parti prendre ? dis.

LIBAN. Eh ! je songe bien à intercepter l’argent, à duper et le commissionnaire et Sauréa. Les fers sont au feu. Mais si l’homme apporte les écus avant le retour de Déménète, serviteur. Le vieillard m’a tiré à part aujourd’hui, hors de la maison, et il m’a promis, à moi et à toi, de nous faire périr sous les