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LIBAN. Qu’y a-t-il donc de nouveau ?

DÉMÉNÈTE. Je sais qu’il aime une courtisane du voisinage, cette Philénie. N’est-ce pas vrai, Liban ?

LIBAN. Vous avez mis le doigt dessus. La chose est vraie. ; mais le pauvre garçon est bien malade.

DÉMÉNÈTE. Malade ? eh ! comment cela ?

LIBAN. Il a promis et ne peut tenir.

DÉMÉNÈTE. Et toi, tu l’aides dans ses amours ?

LIBAN. Oui vraiment, et notre camarade Léonidas est aussi avec nous.

DÉMÉNÈTE. À la bonne heure, et je vous en suis fort obligé. Mais ne sais-tu pas quelle femme c’est que la mienne ?

LIBAN. Vous le savez avant nous, mais nous nous en doutons bien.

DÉMÉNÈTE. C’est, j’en conviens, une insupportable et hargneuse créature.

LIBAN. Je n’ai pas besoin que vous le disiez pour le croire.

DÉMÉNÈTE. Liban, si les pères voulaient m’en croire, ils seraient indulgents à leurs fils, et s’en feraient de bons amis. C’est à quoi je m’applique. Je veux qu’on m’aime chez moi ; je veux ressembler à mon père, qui, un beau jour, pour me faire plaisir, se déguisa en matelot, joua le tour à un marchand d’esclaves, et m’amena celle que j’aimais. Il ne rougit pas, à son âge, de cette belle équipée, et acheta par son bienfait l’amour de son fils. Eh bien ! j’y suis résolu, je suivrai son exemple. Ce matin, mon fils Argyrippe m’a prié de lui donner quelque argent pour faciliter ses amours ; je serai heureux de lui faire ce plaisir ; il faut qu’il contente sa passion et qu’il aime son père. Sa mère lui tient la bride serrée ; mais moi, je saurai sortir de l’ornière paternelle, et, puisqu’il m’a jugé digne de sa confiance, je veux récompenser son bon naturel. Il est venu me trouver comme un fils respectueux…

LIBAN, à part. Voilà qui me surprend, je crains les suites de tout ceci.

DÉMÉNÈTE. Enfin, je sais qu’il est amoureux et je désire qu’il ait de l’argent à donner à sa maîtresse.

LIBAN. Vous le désirez, mais je ne crois pas que cela serve à grand’chose. Votre femme a amené ici l’esclave qu’elle avait en dot, Sauréa, et il a le bras plus long que vous[1].

  1. L’esclave dotal ne dépendait que de la femme et avait l’administration de la dot.