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le signe au bras droit, juste à la même place ; une cicatrice à peine fermée, moitié rouge et moitié noire. Je suis au bout de mon rouleau, le juge est à quia ; et ne sait où donner de la tête… Débrouillez-vous ensemble[1] ; moi, je m’en vais, j’ai affaire. Je ne crois pas de ma vie avoir vu tant de prodiges.

AMPHITRYON. Blépharon, de grâce, assistez-moi, ne partez pas.

BLÉPHARON. Serviteur. Que ferez-vous de mon assistance ? Je ne sais auquel des deux je la dois. (Il sort.)

JUPITER. Je rentre ; Alcmène va accoucher. (Il sort.)



SCÈNE V. — AMPHITRYON.

C’est fait de moi, malheureux ! Que devenir ? voilà que mes défenseurs, mes amis m’abandonnent. Ah ! qu’il soit ce qu’il voudra, mais il ne se sera pas joué de moi impunément. Je vais le mener droit au roi à qui je conterai toute l’aventure. Par Pollux, avant que le soleil se couche, je serai vengé de ce sorcier de Thessalie, qui a détraqué la cervelle à tous mes gens. Mais où est-il ? il est rentré, il est retourné sans doute près de ma femme. Trouverait-on à Thèbes un homme plus à plaindre que moi ? Que faire ? personne ne me reconnaît, tout le monde me raille et me bafoue. Allons, forçons la porte, et tout ce que nous trouverons, homme, servante, esclave, femme, amant, père, aïeul, égorgeons-le sur place. Jupiter et tous les dieux auraient beau faire, ils ne me retiendront pas. Ma résolution est prise, et je l’accomplirai ; entrons sans plus de retard. (On entend le tonnerre: Amphitryon se jette la face contre terre.)


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ACTE V.


SCÈNE I. - BROMIA, AMPHITRYON.

BROMIA. Plus d’espoir, plus de ressources ! La vie s’éteint dans ma poitrine ; tout ce que mon cœur renfermait de courage, je l’ai perdu. Mer, terre, ciel, tout semble se réunir pour m’écraser, m’anéantir. Ah ! malheureuse ! que vas-tu devenir ?

  1. C’est ici que recommence le texte non contesté.