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gens[1], tandis que je retourne au vaisseau chercher Naucrate. (Il sort.)

SOSIE. À présent, nous voilà seuls ; dites-moi, là, franchement, y a-t-il là dedans un autre Sosie qui me ressemble ?

ALCMÈNE. Va-t’en, digne serviteur d’un tel maître.

SOSIE. Je m’en vais donc, puisque c’est votre bon plaisir. (Il sort.)

ALCMÈNE. Vraiment, c’est à n’en pas revenir qu’une pareille lubie soit entrée dans la tête de mon mari : m’accuser faussement d’une semblable vilenie ! Mais je saurai bientôt par Naucrate, mon parent, ce que cela signifie.


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ACTE III.


SCÈNE I. — JUPITER.

Je suis cet Amphitryon dont l’esclave Sosie devient Mercure quand il le faut ; j’habite là-haut et je suis Jupiter lorsqu’il me plaît. Dès que j’arrive ici, soudain me voilà Amphitryon, et je change de costume. Je parais en ce moment par considération pour vous, afin de ne pas laisser cette comédie au beau milieu ; d’ailleurs je veux venir en aide à l’innocente Alcmène que son mari accuse d’adultère : ce serait mal à moi de lui laisser le poids d’une faute qui est mienne et où elle n’a aucune part. Je continuerai à me faire passer pour Amphitryon, et mettrai le désarroi dans toute la famille ; mais ensuite je débrouillerai tout le mystère, j’assisterai Alcmène quand le moment sera venu, et je ferai en sorte qu’elle mette au jour sans douleur et à la fois l’enfant qu’elle a conçu de son mari et celui qu’elle a de moi. J’ai commandé à Mercure de me suivre sur l’heure afin de recevoir mes ordres. Et maintenant, abordons Alcmène.


SCÈNE II. — JUPITER, ALCMÈNE.


ALCMÈNE, sans voir Jupiter. Je ne puis tenir à la maison : être ainsi accusée par mon mari d’infidélité, d’impudeur, d’adultère ! Il nie à grand bruit ce qui est, il me reproche une faute ima-

  1. Des prisonniers qu’Amphitryon ramenait avec lui.