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AMPHITRYON. Pourquoi cela ?

SOSIE. Parce que personne ici ne nous offrira le repas de bienvenue.

AMPHITRYON. Quelle idée !

SOSIE. Nous arrivons trop tard.

AMPHITRYON. Comment ?

SOSIE. J’aperçois Alcmène, debout devant la porte, et qui n’a pas l’air d’avoir le ventre vide.

AMPHITRYON. Je l’ai laissée grosse à mon départ.

SOSIE. Ah ! malheureux que je suis !

AMPHITRYON. Qu’est-ce qui te prend ?

SOSIE. J’arrive à point pour tirer de l’eau, car, à votre compte, elle est dans son dixième mois.

AMPHITRYON. Sois tranquille.

SOSIE. Belle tranquillité ! Je n’ai pas besoin d’être sorcier pour savoir qu’une fois le seau en main, et la besogne commencée, il me faudra tirer l’âme du puits.

AMPHITRYON. Suis-moi toujours ;j’en chargerai quelque autre, ne crains rien.

ALCMÈNE, à part. Je crois que je ferais bien d’aller à sa rencontre.

AMPHITRYON. Amphitryon salue avec joie son épouse tant désirée, celle que son mari estime la plus honnête femme de Thèbes, et dont tous les Thébains vantent la vertu. Eh bien ! comment t*es-tu portée ? désirais-tu mon retour ?

SOSIE, à part. Je n’ai jamais vu de retour plus désiré ! On ne le salue non plus que si c’était un chien.

AMPHITRYON. Je me réjouis de ta grossesse et de cet heureux embonpoint.

ALCMÈNE. Dites-moi, je vous prie, vous moquez-vous de moi de me saluer ainsi, et de m’aborder comme si vous aviez été si longtemps sans me voir ? fie semblerait-il pas que vous arrivez à l’instant de l’armée, et qu’il y a un siècle que vous ne vous êtes trouvé avec moi ?

AMPHITRYON. Aussi est-ce bien la première fois que je te vois.

ALCMÈNE. Pourquoi dire cela ?

AMPHITRYON. Parce que j’ai pour habitude de dire la vérité.

ALCMÈNE. Eh bien, il ne faut jamais perdre ses habitudes. Mais vous voulez peut-être éprouver mes sentiments ? D’où vient ce prompt retour ? les auspices vous ont-ils arrêté ? ou une tempête vous a-t-elle retenu ? Comment n’êtes-vous pas allé rejoindre vos légions, comme vous le disiez tantôt ?