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entrons chez cette fille : elle est fâchée, mais je tâcherai de la décider à me rendre la mante, et je la reporterai chez moi. (Il entre.)


SCÈNE X. — MÉNECHME SOSICLÈS, MESSÉNION.

MÉNECHME. Comment, effronté, tu soutiens que je t’ai vu, aujourd’hui, depuis l’ordre que je t’avais donné de venir au-devant de moi ?

MESSÉNION. Eh ! tout à l’heure, auprès de cette maison, je vous ai arraché à quatre gaillards qui vous enlevaient ; vous appeliez les dieux et les hommes à votre aide, j’accours, je vous délivre par la vigueur de mon bras, malgré leur résistance. Pour vous avoir sauvé, vous m’avez affranchi : quand je vous ai dit que j’allais chercher l’argent et les bagages, vous avez couru en avant de. toutes vos forces, pour pouvoir nier ce que vous aviez fait.

MÉNECHME. Moi, je t’ai affranchi ?

MESSÉNION. Assurément.

MÉNECHME. Moi, qui aimerais mieux devenir moi-même esclave que de t’affranchir jamais !


SCÈNE XI. — MÉNECHME, MESSÉNION, MÉNECHME, SOSICLÈS.

MÉNECHME, sortant de chez Érotie. Quand vous en jureriez par vos yeux, méchantes coquines, vous ne ferez pas que j’aie emporté aujourd’hui la mante et l’agrafe.

MESSÉNION. Dieux immortels, que vois-je ?

MÉNECHME SOSICLÈS. Que vois-tu ?

MESSÉNION. Vous, dans un miroir.

MÉNECHME SOSICLÈS. Qu’est-ce à dire ?

MESSÉNION. Votre portrait : il vous ressemble comme deux gouttes d’eau.

MÉNECHME SOSICLÈS. C’est ma foi vrai, il me ressemble assez, à bien examiner mes traits.

MÉNECHME, à Messénion. Bonjour, qui que vous soyez, l’ami, qui m’avez sauvé.

MESSÉNION. Jeune homme, je vous prie, si cela ne vous fait rien, dites-moi votre nom.

MÉNECHME. Vous m’avez trop bien servi pour que je vous refuse rien. Je m’appelle Ménechme.