LE MÉDECIN. Il commence à déraisonner. Prenez garde à ce que vous dites.
LE VIEILLARD. Oh ! il est bien plus sage que tantôt dans ses discours. Tout à l’heure, il traitait sa femme de chienne enragée.
MÉNECHME. Qu’est-ce que j’ai dit ?
LE VIEILLARD. Vous êtes fou, vous dis-je.
MÉNECHME. Moi ?
LE VIEILLARD. Oui, vous qui avez menacé de monter sur un char pour m’écraser ; j’ai été témoin et je vous dénonce.
MÉNECHME. Et moi je sais que vous avez volé la couronne sacrée de Jupiter ; je sais qu’on vous a fourré en prison pour cela ; et quand vous en êtes sorti, je sais qu’on vous a fouetté au carcan. Je sais encore que vous avez tué votre père et vendu votre mère. Trouvez-vous que je vous ai rendu injure pour injure, comme un homme qui a sa tête ?
LE VIEILLARD. Je vous en supplie, médecin, faites vite ce que vous devez faire. Ne voyez-vous pas qu’il est en pleine folie ?
LE MÉDECIN. Savez-vous ce qu’il y a de mieux ? Faites-le porter chez moi.
LE VIEILLARD. C’est votre avis ?
LE MÉDECIN. Oui. Là je pourrai le soigner à mon gré.
LE VIEILLARD. Comme vous voudrez.
LE MÉDECIN, à Ménechme. Je vous ferai boire de l’ellébore pendant une vingtaine de jours.
MÉNECHME. Et moi, je vous pendrai et vous étrillerai pendant une trentaine.
LE MÉDECIN, au vieillard. Allez chercher du monde pour le porter.
LE VIEILLARD. Combien en faut-il ?
LE MÉDECIN. Dans l’état de démence où je le vois, quatre ; pas moins.
LE VIEILLARD. Ils seront ici dans un instant. Vous, médecin, gardez-le bien.
LE MÉDECIN. Non pas ; je vais chez moi préparer tout ce qu’il faut : commandez à vos serviteurs de me l’apporter.
LE VIEILLARD. Il y sera tout à l’heure.
LE MÉDECIN. Je m’en vais donc.
LE VIEILLARD. Au revoir. (Ils sortent chacun de leur côté.)
MÉNECHME. Le beau-père est parti, le médecin est parti, me voilà seul. Grand Jupiter ! pourquoi donc ces hommes-là veulent-ils que je sois fou ? Depuis que je suis au monde, je n’ai