ACTE V.
MÉNECHME. J’ai été bien sot tout à l’heure de confier à Messénion la bourse et l’argent. Il sera allé s’enterrer dans quelque bouge.
LA FEMME. Voyons quand mon mari reviendra au logis.... Eh ! je l’aperçois ; tout va bien, il apporte la mante.
MÉNECHME. Je me demande où ce Messénion s’est allé promener.
LA FEMME. Approchons et régalons-lui les oreilles selon ses mérites… Vous n’avez pas honte, vilain homme, de vous présenter à mes yeux dans cet accoutrement ?
MÉNECHME. Qu’est-ce donc, la femme ? qu’est-ce qui vous prend ?
LA FEMME. Quoi ! vous osez souffler, vous avez le front de me parler ?
MÉNECHME. Qu’est-ce que j’ai donc fait pour ne pas oser ouvrir la bouche ?
LA FEMME. Vous le demandez ! quelle impudente audace !
MÉNECHME. Hé ! la femme, ne savez-vous pas pourquoi les Grecs ont dit qu’Hécube s’était changée en chienne ?
LA FEMME. Non.
MÉNECHME. Elle faisait exactement comme vous ; si elle voyait quelqu’un, elle l’accablait aussitôt d’injures. Aussi n’avait-on pas tort de l’appeler chienne.
LA FEMME. Je ne puis endurer de telles impertinences. J’aimerais mieux vivre toute ma vie sans mari que de supporter vos avanies.
MÉNECHME. Qu’est-ce que cela me fait que vous puissiez tenir sans votre ménage et que vous quittiez votre mari ? Est-ce la mode en ce pays de chanter des histoires aux étrangers qui arrivent ?
LA FEMME. Quelles histoires ? Je vous le répète, je me résignerai plus facilement à vivre séparée qu’à tolérer votre conduite.