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MESSÉNION. Et dire que je n’ai rien pour casser la tête à ce maraud !

MÉNECHME. Toi, tu me verses à boire, à moi qui n’ai jamais vu Épidamne avant ce jour et n’y suis jamais venu ?

CYLINDRE. Vous niez ?

MÉNECHME. Oui, par Hercule, je nie.

CYLINDRE. Vous ne demeurez pas dans cette maison là-bas ?

MÉNECHME. Que les dieux confondent ceux qui l’habitent !

CYLINDRE. Il faut qu’il soit fou, pour se souhaiter du mal à lui-même… Écoutez, Ménechme.

MÉNECHME. Après ?

CYLINDRE. Si vous m’en croyez et si vous êtes raisonnable, avec cette pièce que vous m’avez promise tout à l’heure, vous vous ferez amener un marcassin, car assurément, Ménechme, vous n’êtes pas tout à fait dans votre bon sens, quand vous vous souhaitez du mal à vous-même.

MESSÉNION. Par Hercule, l’assommant bavard !

CYLINDRE. Il aime à plaisanter avec moi comme cela. Il est tout à fait jovial, quand sa femme n’est pas là.

MÉNECHME. Dis-moi.

CYLINDRE. Qu’est-ce donc ? Ce que vous voyez là (montrant son panier), sera-ce assez pour vous trois ? ou faut-il acheter quelque chose de plus, pour vous, votre parasite et votre maîtresse ?

MÉNECHME. Quelles maitresses ? quels parasites ?

MESSÉNION. Quelle rage te possède de le tourmenter ainsi ?

CYLINDRE. Qu’ai-je à démêler avec toi ? Je ne te connais pas, je parle à celui que je connais.

MÉNECHME. Assurément, tu as perdu la tête.

CYLINDRE. Eh bien, je vais faire cuire le tout : ce sera vite fait. Ne vous éloignez pas de la maison. Vous ne voulez plus rien ?

MÉNECHME. Que tu ailles te pendre.

CYLINDRE. Il vaut mieux que vous alliez vous-même… vous mettre à table, tandis que je présenterai tout ceci à un bon grand feu. J’arrive donc et vais dire à Érotie que vous êtes là, afin qu’elle vienne vous chercher et ne vous laisse pas comme cela à la porte. (Il sort.)

MÉNECHME. Il est enfin parti ?… Pour le coup, je vois que tu n’as pas menti.

MESSÉNION. Prenez garde seulement. Je crois qu’il demeure ici une courtisane, comme nous a dit ce fou qui vient de s’en aller.