Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ÉPIDIQUE. Je n’ai pas de raison pour vous mentir.

STRATIPPOCLÈS. Tiens, usurier, prends ton argent ; il y a quarante mines ; s’il se trouve quelque pièce suspecte, je la changerai.

L'USURIER. C’est très-bien. Adieu.

STRATIPPOCLÈS. Maintenant vous êtes à moi.

THÉLESTIS. Oui, je suis votre sœur, pour que vous le sachiez. Salut, mon frère.

STRATIPPOCLÈS. Est-elle folle ?

ÉPIDIQUE. Non, si c’est à son frère qu’elle parle.

STRATIPPOCLÈS. Comment ? je suis devenu son frère, et pour cela il ne m’a fallu qu’entrer et sortir ?

ÉPIDIQUE. Ne parlez pas du bonheur qui vous arrive, réjouissez-vous-en secrètement.

STRATIPPOCLÈS. Ma sœur, vous me perdez en me retrouvant.

ÉPIDIQUE. Vous êtes fou, silence ! Grâce à moi vous aurez chez vous une joueuse de lyre toute prête à vous aimer ; grâce à moi encore votre sœur recouvre la liberté.

STRATIPPOCLÈS. J’avoue, Épidique…

ÉPIDIQUE. Rentrez, et faites-lui préparer le bain. Je vous instruirai du reste plus tard, quand nous aurons le temps.

STRATIPPOCLÈS. Suivez-moi donc, ma sœur.

ÉPIDIQUE. Je vais vous envoyer Thesprion ; mais n’oubliez pas, si les deux vieux se fâchent, de venir à mon aide, avec votre sœur.

STRATIPPOCLÈS. Rien de plus facile. (Il sort avec Thélestis.)

ÉPIDIQUE, à la porte de Chéribule. Thesprion, sors par le jardin, et viens m’aider à la maison… Voici un grand événement ; je crains moins que jamais nos vieillards. Mais rentrons et occupons-nous des nouveaux arrivés. À la maison, j’apprendrai à Stratippoclès tout ce que je sais. Plus de fuite ; je vais rester, j’y suis résolu ; mon maître ne m’accusera pas de l’avoir défié à la course. Allons, c’est trop parler. (Il sort.)


SCÈNE II. - PÉRIPHANE, APÉCIDE, ÉPIDIQUE.

PÉRIPHANE. Le coquin s’est-il assez amusé de nous deux, pauvres vieux décrépits !

APÉCIDE. Et vous-même vous m’excédez, je n’en puis plus.

PÉRIPHANE. C’est bon, c’est bon ; laissez-moi seulement jeter le grappin sur le drôle.

APÉCIDE. Écoutez-moi, pour que vous n’en ignoriez. Vous