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PÉRIPHANE. Moi ?

PHILIPPA. Vous-même.

PÉRIPHANE. Comment cela ?

PHILIPPA. Parce que je ne sais qui elle est, je ne la connais pas, je ne l’ai vue de ma vie.

PÉRIPHANE. Je vois ce qui vous trompe ; elle a une parure et des habits tout différents.

PHILIPPA. Un chien et un sanglier n’ont pas la même odeur. Je vous dis que je ne la connais point.

PÉRIPHANE. Grands dieux ! suis-je donc devenu marchand d’esclaves ? Quoi ! j’ai chez moi des gens qui ne me sont de rien, et c’est pour eux que je jette l’argent par les fenêtres ! (À Acropolistis.) Et toi, qui m’appelles ton père et qui m’embrasses, que fais-tu là comme une souche ? pourquoi ne parles-tu pas ?

ACROPOLISTIS. Que voulez-vous que je dise ?

PÉRIPHANE. Elle soutient qu’elle n’est pas ta mère.

ACROPOLISTIS. Qu’elle ne la soit pas, si elle ne veut pas l’être ; mais qu’elle le veuille ou non, je n’en serai pas moins la fille de ma mère. Je ne peux pas la forcer à me reconnaître pour sa fille, si elle refuse.

PÉRIPHANE. Pourquoi alors m’appelais-tu ton père ?

ACROPOLISTIS. C’est votre faute et non la mienne. Voulez-vous que je ne vous appelle pas mon père, quand vous m’appelez votre fille ? Cette femme aussi, si elle m’appelait sa fille, je l’appellerais ma mère. Elle dit que je ne suis pas son enfant, elle n’est donc pas ma mère non plus. Enfin, je ne suis pour rien dans tout cela : j’ai répété ce qu’on m’a appris. C’est Épidique qui m’a fait la leçon.

PÉRIPHANE. Ah ! malheureux, quelle culbute !

ACROPOLISTIS. Suis-je coupable ?

PÉRIPHANE. Si je t’entends encore m’appeler ton père, je t’arrache l’âme, vilaine coquine.

ACROPOLISTIS. Je ne vous appellerai plus ainsi. Quand vous voudrez être mon père, soyez-le ; quand vous ne le voudrez pas, ne le soyez plus.

PHILIPPA. Eh quoi ! c’est parce que vous la croyiez votre fille que vous l’avez achetée ? Mais à quels signes la reconnaissiez-vous ?

PÉRIPHANE. À aucuns.

PHILIPPA. Et comment avez-vous pensé que c’était notre enfant ?

PÉRIPHANE. Mon esclave Épidique me l’a dit.