PÉRIPHANE. La voilà, votre musicienne ; il n’y en a pas d’autre ici.
LE MILITAIRE. Vous ne me ferez pas prendre le change ; dites qu’on amène la joueuse de lyre Acropolistis.
PÉRIPHANE. La voilà, vous dis-je.
LE MILITAIRE. Eh non, ce n’est pas elle. Pensez-vous que je ne sache pas reconnaître ma maitresse ?
PÉRIPHANE. C’est pourtant bien cette joueuse de lyre pour qui mon fils perdait la tête.
LE MILITAIRE. Mais ce n’est pas la mienne !
PÉRIPHANE. Comment ! ce ne l’est pas ?
LE MILITAIRE. Non.
PÉRIPHANE. D’où sort-elle, alors ? C’est pour elle que j’ai donné mon argent.
LE MILITAIRE. C’est fort mal fait à vous, vous avez commis là une énorme bévue.
PÉRIPHANE. Ah ! c’est elle, vous dis-je. J’ai envoyé un esclave qui ne quitte pas mon fils, et c’est lui qui a acheté cette musicienne.
LE MILITAIRE. Ma foi, mon brave homme, votre esclave vous a berné de la belle manière.
PÉRIPHANE. Qu’est-ce à dire, berné ?
LE MILITAIRE. Rien : c’est une idée que j’ai. On vous a fait passer cette femme pour la joueuse de lyre. C’est un excellent tour qu’on vous a joué là, vieillard. Je vais la chercher, n’importe où elle soit. Adieu, guerrier. (Le militaire sort.)
PÉRIPHANE. Bravo, bravo, Épidique ! tu es un digne garçon ; tu as fait merveille de moucher un vieil-imbécile. (À la joueuse de lyre.) Apécide t’a achetée aujourd’hui au marchand ? Réponds donc.
LA JOUEUSE DE LYRE. C’est bien la première fois que j’entends parler de cet homme-là, et personne, à aucun prix, n’aurait pu m’acheter : voilà plus de cinq ans que je suis libre.
PÉRIPHANE. Que viens-tu donc faire chez moi ?
LA JOUEUSE DE LYRE. Je vais vous le dire. On m’a louée pour accompagner un vieillard pendant un sacrifice.
PÉRIPHANE. Ah ! je l’avoue, de tous les Athéniens d’Athènes il n’y en a pas un plus sot que moi. Mais connais-tu la joueuse de lyre Acropolistis ?
LA JOUEUSE DE LYRE. Comme moi-même.
PÉRIPHANE. Où demeure-t-elle ?