ACTE I.
ÉPIDIQUE. Hé, mon brave !
THESPRION. Qui donc m’arrête par mon manteau, quand je suis si pressé ?
ÉPIDIQUE. Un ami.
THESPRION. En effet, et même familier jusqu’à importuner.
ÉPIDIQUE. Mais regarde, Thesprion.
THESPRION, se retournant. Oh ! n’est-ce pas Épidique que je vois ?
ÉPIDIQUE. Tu as de bons yeux.
THESPRION. Salut !
ÉPIDIQUE. Que les dieux comblent tes souhaits ! je suis heureux de te voir de retour et bien portant.
THESPRION. Et après ?
ÉPIDIQUE. Après ? on te donnera un bon repas, selon l’usage.
THESPRION. Je te promets…
ÉPIDIQUE. Quoi ?
THESPRION. D’accepter si tu m’invites.
ÉPIDIQUE. Et toi, comment cela va-t-il ?
THESPRION. Comme tu vois.
ÉPIDIQUE. J’entends : à merveille ! tu me parais gros et gras.
THESPRION, montrant sa main. C’est grâce à elle.
ÉPIDIQUE. Il y a bel âge que tu aurais dû la perdre.
THESPRION. Je ne suis plus aussi fripon que dans le temps.
ÉPIDIQUE. Comment cela ?
THESPRION. Je prends au grand jour.
ÉPIDIQUE. Que la peste t’étouffe, avec tes enjambées de géant ! Dès que je t’ai aperçu sur le port, je me suis mis à courir après toi ; et voilà seulement que je te rattrape !