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CHARANÇON. Oh ! je vous en dirai bien d’autres, si vous le souhaitez.

LYCON. Je n’y tiens pas. Venez par ici, je vais arranger l’affaire qui vous amène… Bon, je l’aperçois. Salut, honnête pourvoyeur.

CAPPADOX. Les dieux vous protègent !

LYCON. Sais-tu pourquoi je viens ?

CAPPADOX. Que voulez-vous ?

LYCON. Te donner de l’argent, et tu laisseras partir la jeune fille avec cet homme-ci.

CAPPADOX. Mais j’ai fait un serment.

LYCON. Que t’importe, pourvu que tu reçoives l’argent ?

CAPPADOX. Qui conseille aide. Suivez-moi.

CHARANÇON. Entremetteur, ne va pas me lanterner.



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ACTE IV.


SCÈNE I. — LE CHEF DE LA TROUPE.

Par Pollux, Phédrome a finement mis la main sur un fin farceur. L’appellerai-je corsaire, ou sycophante ? Je n’en sais vraiment rien. Quant au costume que j’ai livré, je crains fort de ne jamais le revoir. Mais, après tout, je n’ai rien à démêler avec lui ; c’est à Phédrome que j’ai confié ces objets. Pourtant, j’aurai l’œil ouvert. En attendant, puisqu’il est sorti, je vous indiquerai où vous pouvez trouver sans trop de peine les gens que vous souhaitez de rencontrer, vicieux ou vertueux, probes ou fripons. Vous faut-il un parjure ? allez au Comice[1].Un vantard, un fanfaron ? dans le temple de Cloacine[2]. Un mari riche et libertin ? cherchez sous la Basilique[3]. Vous y trouverez aussi les vieilles courtisanes et les faiseurs d’affaires. Les amateurs de pique-nique s’assemblent sur le marché au poisson. Au bas du forum se promènent les gens comme il faut et les richards. Au milieu, près du canal, les grands hâbleurs. Au-dessus du lac[4], les effrontés, les bavards, les méchantes langues, qui, sans ver-

  1. Place où l’assemblaient les plaideurs avant d’entrer au tribunal.
  2. Déesse dont le simulacre avait été trouvé par le roi Tatius dans un égout (cloaca).
  3. C’était la Bourse de Rome.
  4. Le lac Curtius.