d’un trait, pose la tête et s’endort : je lui prends son anneau. Je descends tout doucement du lit, pour qu’il ne s’aperçoive de rien. Les esclaves me demandent où je vais. « Eh ! où l’on va quand on a bien dîné. » Je trouve la porte et je m’esquive au plus vite.
PHÉDROME. Bravo !
CHARANÇON. Vous crierez bravo quand j’aurai terminé ce que vous désirez. Entrons maintenant pour écrire la lettre.
PHÉDROME. Je suis prêt.
CHARANÇON. Mais avant tout, avalons un morceau, jambon, gras double, tétine ; voilà de quoi faire un bon fondement ; du pain, du bœuf rôti, grande coupe, grande marmite ; cela vous donne des idées. Vous, écrivez la lettre ; Palinure servira, et moi je mangerai. Je vous dirai ce qu’il faut écrire : suivez-moi.
PHÉDROME. Je te suis.
ACTE III.
LYCON. Je me trouve assez bien dans mes affaires : je viens de faire mon petit compte, je sais mon doit et mon avoir. Je suis riche si je ne paye pas mes créanciers ; si je les paye, les dettes l’emportent. Mais, j’y pense, s’ils me pressent trop, je me laisserai traîner devant le préteur. Voici ce que font la plupart de nos banquiers : ils réclament aux autres, mais ne rendent à personne, et, si l’on crie trop haut, ils s’acquittent à coups de poing. Quand on a de bonne heure amassé de l’argent, si l’on n’est pas de bonne heure économe, de bonne heure on a faim. Je voudrais acheter un esclave, ou plutôt trouver à en emprunter un: car j’ai besoin de mon argent.
CHARANÇON, à Phédrome, en sortant de la maison. Lorsque j’ai bien dîné, les recommandations sont superflues ; je me souviens, je sais. Je vais joliment vous mener l’affaire à bon port, soyez tranquille. (À part.) Par Pollux, je me suis garni comme il faut la panse, tout en laissant dans mon estomac une case pour recevoir les rogatons des rogatons… Mais qui est cet homme qui s’est couvert la tête et qui salue Esculape ? Eh !