Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pense guère à me guérir. Ma santé diminue, mes douleurs augmentent ; ma rate est comme uae ceinture étroite qui me serre quand je marche ; on dirait que je porte dans mon ventre deux jumeaux. Tout ce que je crains, c’est de crever misérablement par le milieu.

PALINURE, sortant de chez Phédrome. Si vous faites bien, Phédrome, vous m’écouterez et vous chasserez ce chagrin de votre âme. Vous voilà tout hors de vous parce que votre parasite n’est pas revenu du Carie. Moi, je crois qu’il apporte de l’argent ; autrement, il n’y a pas de chaînes de fer qui l’eussent empêché de revenir ici manger à son râtelier.

CAPPADOX. Qui parle là ?

PALINURE. Quelle est cette voix que j’entends ?

CAPPADOX. N’est-ce pas Palinure, l’esclave de Phédrome ?

PALINURE. Quel est cet homme avec cette monstrueuse bedaine et ces yeux verts comme pré ? Je reconnais cette encolure, mais je ne peux me remettre ce teint. Ah ! j’y suis ; c’est Cappadox le pourvoyeur. Abordons-le.

CAPPADOX. Bonjour, Palinure.

PALINURE. Salut, vieux coquin. Comment va ?

CAPPADOX. Je végète…

PALINURE. Comme vous le méritez. Mais qu’avez-vous ?

CAPPADOX. La rate m’étouffe, les reins me font mal, mes poumons se déchirent, mon foie me torture, mon cœur est attaqué jusqu’à la racine, tous mes boyaux souffrent.

PALINURE. C’est que vous avez quelque affection hépatique.

CAPPADOX. Il est aisé de railler un malheureux.

PALINURE. Attendez encore quelques jours, jusqu’à ce que vos boyaux se pourrissent ; maintenant, ce serait encore le moment de les saler ; si vous m’écoutez, ce sera autant de moins à payer pour avoir votre carcasse.

APPADOX. J’ai la rate si gonflée !

PALINURE. Marchez, c’est le meilleur remède.

CAPPADOX. Assez de plaisanteries, je te prie, et réponds à ma question. Si je te racontais le songe que j’ai eu cette nuit, pourrais-tu me l’expliquer ?

PALINURE. Ah ! il n’y a que moi qui sache deviner. Les interprètes de songes viennent eux-mêmes me consulter, et pour eux toutes mes réponses sont des oracles.