STALINON. Qu'espionnes-tu ?
PARDALISQUE. Je n'espionne rien.
STALINON. Va-t'en. Tu te croises les bras ici, tandis que tout le monde travaille à la maison.
PARDALISQUE. J'y vais.
STALINON. Va donc, maudite pécore… Est-elle enfin partie ? au moins on peut ici dire ce qu'on veut. Un amoureux a beau avoir faim, l'appétit n'y est pas. Mais le voici avec sa couronne et son flambeau, mon cher beau-père, mon collègue, mon coépoux le fermier.
OLYMPION. Allons, joueur de flûte[1], pendant qu'on amène ici dehors la nouvelle mariée, fais retentir toute la place de suaves accents en l'honneur de l'hyménée. Ô hymen! hyménée! hymen !
STALINON. Comment vas-tu, mon cher garçon ?
OLYMPION. J'ai faim, par Hercule, et j'étrangle de soif.
STALINON. Et moi, je suis amoureux.
OLYMPION. Par ma foi, amour, je n'ai rien à démêler avec toi ; voilà trop longtemps que mes boyaux crient d'inanition.
STALINON. Eh ! que tarde-t-elle tant à la maison ? on dirait qu'elle le fait exprès. Plus je me presse, moins elle avance.
OLYMPION. Eh bien! si je recommençais le chant de l'hyménée ?
STALINON. À merveille, et je t'aiderai, puisque nous épousons tous les deux.
OLYMPION et STALINON. Ô hymen ! hyménée ! hymen !
STALINON. Ouf ! je vais éclater, je me crève à chanter l'hymen, et ne puis me crever d'autre sorte, quand j'en meurs d'envie.
OLYMPION. Par Pollux, si vous étiez un cheval, vous seriez indomptable.
STALINON. Et pourquoi cela ?
OLYMPION. Vous êtes par trop roide.
STALINON. T'en es-tu jamais aperçu ?
OLYMPION. Les dieux m'en préservent ! Çà, la porte crie, ou sort.
- ↑ Olympion s'adresse au joueur de flûte qui se tenait sur le devant de la scène pour donner le ton aux acteurs.