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vions, à peine avions-nous pris terre, qu’Amphitryon choisit les principaux de l’armée et les députa vers les Téléboens pour leur déclarer ses résolutions. S’ils-voulaient, avant d’en venir aux mains, restituer ce qu’ils nous avaient pris et nous livrer les pillards, Amphitryon remmènerait sur-le-champ son armée, les Argiens évacueraient le territoire et accorderaient paix et tranquillité ; mais s’ils n’étaient pas disposés à donner la satisfaction qu’on réclamait d’eux, il prendrait leur ville de vive force, à la tête de ses soldats. Les députés redisent ces choses de point en point aux Téléboens ; mais ces gens hautains et arrogants, confiants en leur valeur et en leur puissance, font entendre à nos envoyés de superbes menâmes, « Nos armes, disent-ils, sauront protéger nos personnes et nos biens. Éloignez donc à l’instant les troupes qui ont envahi notre territoire. » Nos députés reviennent avec cette belle réponse ; aussitôt Amphitryon fait sortir du camp toute l’armée ; de leur côté, les légions ennemies s’avancent hors de la ville, parées d’armures étincelantes. Quand de part et d’autre on se trouve en plaine, les rangs se forment, chacun prend son poste ; nous nous mettons en bataille selon notre tactique, l’ennemi en fait autant. Alors les généraux sortent des rangs, s’abouchent entre les deux armées ; on convient que les vaincus livreront aux vainqueurs leur ville, leur territoire, leurs autels, leurs foyers et leurs personnes même. Un moment après la trompette sonne, le sol gronde, des cris de guerre s’élèvent. Chaque général adresse ses vœux à Jupiter et anime ses soldats. Chacun alors fait de son mieux et déploie son courage ; le fer frappe ; les traits se brisent ; le ciel mugit des clameurs du champ de bataille, et la vapeur qui s’exhale des poitrines se condense en un nuage épais ; on se heurte, on se blesse, on se renverse. Enfin nos souhaits sont exaucés, notre armée prend le dessus, nombre d’ennemis mordent la poussière, les nôtres redoublent de vigueur, nôtre fière valeur a triomphé. Pourtant nul n’a tourné le dos, ils maintiennent leur poste, font leur devoir de pied ferme, et périssent plutôt que de reculer ; chacun tombe à sa place.et garde encore son rang. À cette vue, Amphitryon mon maître lance la cavalerie de son aile droite. Nos cavaliers obéissent, prompts comme l’éclair ; ils volent à toute bride, en poussant de grands cris, rompent les bataillons ennemis, les écrasent sous leurs pieds : le droit a vaincu le crime.

MERCURE, à part. Il n’a pas dit un seul mot de travers. Mon père et moi nous étions à la bataille.