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STALINON. Qu’il me tarde de l’embrasser, de la bouchonner !

OLYMPION. Attendez d’abord qu’on l’épouse ; qu’est-ce qui vous presse tant ?

STALINON. L’amour.

OLYMPION. Je ne pense pas que cela puisse se faire aujourd’hui.

STALINON. Si fait, si tu penses qu’on puisse t’affranchir demain.

CHALINUS, à part. C’est le moment d’ouvrir encore plus les oreilles. Je vais joliment prendre mes deux sangliers d’un coup de filet.

STALINON. J’ai une chambre toute prête, là, chez ce voisin qui est mon ami ; je lui ai confié mes amours, et il m’a promis un endroit sûr.

OLYMPION. Mais sa femme ? où sera-t-elle ?

STALINON. Oh ! j’ai imaginé un moyen superbe. Ma femme l’invitera chez nous à la noce, pour lui tenir compagnie, l’aider, et rester à coucher. J’en ai donné l’ordre, et Cléostrate a promis d’obéir. Elle couchera donc ici, et je m’arrangerai pour que le mari ne soit pas au logis. Toi, tu emmèneras ta mariée à la campagne ; mais la campagne sera ici pour quelques heures, tandis que je ferai la noce avec Casina. Et demain, avant le jour, tu partiras avec elle. Est-ce bien combiné ?

OLYMPION. À merveille.

CHALINUS, à part. Mettez seulement la main à l’œuvre. Par Hercule, vos finesses vous coûteront cher.

STALINON. Sais-tu maintenant ?

OLYMPION, Dites.

STALINON. Prends cette bourse. Va-t’en au marché, et fais diligence ; mais choisis des choses fines, de petits mets aussi délicats qu’elle-même.

OLYMPION. C’est convenu.

STALINON. Achète-nous de petites seiches, des huîtres, des calmars, des orgelets.

CHALINUS, à part. Plutôt des fromentelets[1], imbécile !

STALINON. Des soles.

CHALINUS, à part. Pourquoi pas des souliers pour t’en caresser le museau, infâme vieillard ?

OLYMPION. Voulez-vous des langoustes ?

  1. Jeu de mots amené par orgelet, nom d’un poisson, et parce que le froment est plus délicat que l’orge. Un jeu de mots analogue, sole et soulier, vient ensuite.