CLÉOSTRATE. Soit. Veux-tu que j’appelle ici Chalinus de ta part ? Tu t’arrangeras avec lui, tandis que je parlerai au fermier.
STALINON. J’y consens.
CLÉOSTRATE. Il vient à l’instant, et nous verrons lequel de nous deux a le plus d’influence. (Elle sort.)
STALINON. Qu’Hercule et tous les dieux la confondent ! je puis le dire maintenant. Mon pauvre cœur est torturé par l’amour ; et l’on dirait qu’elle s’applique à me contrarier. Elle a quelque soupçon de mes projets, et voilà pourquoi elle prend avec tant de zèle le parti de l’écuyer.
STALINON. Que tous les dieux et les déesses le bénissent !
CHALINUS. Votre femme dit que vous me demandez.
STALINON. Oui, je t’ai fait appeler.
CHALINUS. Que me voulez-vous ?
STALINON. D’abord, qu’on déride ce front pour causer avec moi.
CHALINUS. Il faudrait être fou pour montrer de la mauvaise humeur à plus puissant que soi.
STALINON. Bon ! je t’ai toujours regardé comme un honnête homme.
CHALINUS, à part. Je comprends. (Haut.) Si c’est là votre opinion, que ne m’affranchissez-vous ?
STALINON. C’est précisément ce que je veux faire. Mais j’ai beau le désirer, cela ne fait rien, si tu ne t’y prêtes.
CHALINUS. Dites-moi seulement ce que vous souhaitez.
STALINON. Écoute, je vais m’expliquer. J’ai promis à notre fermier la main de Casina.
CHALINUS. Mais votre femme et votre fils me l’ont promise, à moi.
STALINON. Je le sais. Mais aimes-tu mieux rester garçon et devenir libre, ou te marier et vivre esclave, toi et tes enfants ? Tu as le choix ; prends le parti qui te convient le mieux.
CHALINUS. Libre, je vivrais âmes frais, tandis que maintenant je vis aux vôtres. Quant à Casina, j’y suis bien résolu, je ne la céderai à homme qui vive.
STALINON. Rentre donc, et fais venir ma femme ici, sur-le-champ. Apporte l’urne avec de l’eau et des sorts.
CHALINUS. Cela me va.
STALINON. Par Pollux, je saurai bien parer le coup. Puisque je