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extrême vieillesse, je n’aurais encore que bien peu de temps à subir les maux dont vous me menacez. Adieu, et portez-vous bien, quoique vous méritiez de moi d’autres souhaits. Quant à vous, Aristophonte, puisse votre sort être, digne de votre conduite envers moi ! car vous êtes la cause de ce qui m’arrive.

HÉGION. Qu’on l’emmène.

TYNDARE. Tout ce que je vous demande, c’est de me laisser voir Philocrate, s’il revient en ces lieux.

HÉGION, aux esclaves. Malheur à vous, si vous ne l’ôtez au plus tôt de mes yeux.

TYNDARE. Ah ! me pousser et me tirer à la fois, c’est trop de violence.


SCÈNE VI. — HÉGION, ARISTOPHONTE.


HÉGION. On le mène en lieu de sûreté, comme il le mérite. Cela servira de leçon aux autres captifs, s’ils étaient tentés d’imiter son audace. Sans celui-ci (désignant Aristophonte), qui m’a tout découvert, ils auraient joliment continué à s’amuser de moi. C’en est fait, je ne veux plus désormais croire personne ; c’est assez d’avoir été trompé une fois. Malheureux ! j’espérais avoir tiré mon fils de servitude ; voilà mon espoir envolé. J’ai perdu un de mes fils à l’âge de quatre ans ; un esclave me l’a volé, et je n’ai jamais pu retrouver ni l’enfant ni l’esclave ; mon aîné est entre les mains de l’ennemi. Quelle fatale destinée ! il semble que je sois devenu père pour vivre dans l’isolement ! (A Aristophonte.) Suis-moi, je te reconduirai où je t’ai pris. Non, je n’aurai pitié de personne, puisque personne n’a pitié de moi.

ARISTOPHONTE. Je me croyais sorti des fers sous d’heureux auspices ; mais, je le vois, ma mauvaise étoile me remet dans les chaînes.


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ACTE IV.


SCÈNE I. — ERGASILE.


Grand Jupiter, tu me sauves et tu me combles de biens. Tu me prodigues d’une main libérale les plus douces jouissances, gloire, profit, jeux, divertissements, plaisirs, fêtes, magnifi-