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de la sorte, vos maux deviendront plus légers. Dans votre pays, vous étiez, je crois, des hommes libres ; mais puisque vous voilà en servitude, il est bon de vous soumettre, et de rendre plus douce, par votre obéissance, l’autorité du maître. Même lorsqu’il est injuste, le maître fait toujours bien.

PHILOCRATE. Ha ! ha ! ha !

LE CORRECTEUR. Il ne s’agit pas de pleurer ; vous avez déjà assez à souffrir, sans vous en prendre à vos yeux. Ce qui fait du bien dans le malheur, c’est un cœur plein de courage.

PHILOCRATE. Nous sommes si honteux de nous voir chargés de chaines !

LE CORRECTEUR. Mais notre maître aurait peut-être tant de regret s’il vous était vos fers et vous laissait la liberté de vos mouvements ! car il vous a achetés à beaux deniers comptants.

PHILOCRATE. Que craint-il donc de nous ? Il pourrait dire de nous détacher, nous savons ce que nous avons à faire.

LE CORRECTEUR. Vous méditez de vous enfuir ; je devine vos projets.

PHILOCRATE. Nous enfuir ? et où irions-nous ?

LE CORRECTEUR. Dans votre pays.

PHILOCRATE. Fi donc ! il nous conviendrait bien d’imiter des esclaves fugitifs !

LE CORRECTEUR. Par ma foi, si l’occasion se présente, je vous conseille d’en profiter.

PHILOCRATE. Consentez seulement à nous accorder une faveur.

LE CORRECTEUR. Et laquelle ?

PHILOCRATE. Que nous puissions nous entretenir sans être entendus de ces hommes ni de vous.

LE CORRECTEUR. Soit. (Aux autres captifs.) Tirez de ce côté. (Aux esclaves.) Et nous, par ici. Mais soyez brefs dans votre entretien.

PHILOCRATE. C’est bien mon intention. (A Tyndare.) Avance ici.

LE CORRECTEUR, aux esclaves. Éloignez-vous d’eux.

TYNDARE, aux esclaves. Nous vous sommes obligés de vous prêter ainsi à notre désir.

PHILOCRATE, à Tyndare. Allons, approche-toi par ici, à bonne distance, pour que nos surveillants n’entendent pas ce que nous avons à nous dire, et que rien ne transpire de notre stratagème. La ruse n’est plus ruse, si l’on n’agit avec finesse ; est-elle décou-