dent commun à la guerre, est fait prisonnier et acheté en Élide par le médecin Ménarque. Notre vieillard se rend acquéreur de tout ce qu’il peut trouver de prisonniers d’Élide, pour voir s’il n’y en aura pas un qu’il puisse échanger contre son fils prisonnier ; quant à l’autre, qui est chez lui, il ne le connaît pas. Hier, on lui a fait savoir qu’il y avait un prisonnier éléen, un chevalier de grande et puissante famille ; il n’a pas regardé au prix, toujours dans l’intérêt de son fils, et, afin de lui aplanir le retour dans ses foyers, il a acheté au questeur les deux captifs que voilà. Mais ceux-ci ont imaginé une ruse ; l’esclave veut faciliter l’évasion de son maître : ils ont donc changé entre eux de nom et d’habits. Celui-ci (montrant Tyndare) se fait appeler Philocrate, et celui-là (montrant Philocrate), Tyndare. Ils ont pris aujourd’hui la place l’un de l’autre. L’esclave mènera habilement à bien le stratagème, et rendra la liberté à son maitre. En même temps il sauvera son frère, et, sans s’en douter, rendra un citoyen à sa patrie, un fils à son père ; car il arrive souvent que l’on fait plus de bien sans le savoir que de propos délibéré. Voici le plan qu’ils ont imaginé, la ruse qu’ils ont préparée et dont ils ne prévoient pas les suites : d’après leurs arrangements, celui-ci va rester comme esclave chez son père, ne se doutant guère qu’il est en servitude dans la maison paternelle. Pauvres chétives créatures que nous sommes, quand j’y pense !
Telle est donc l’action que nous allons représenter : sérieuse pour nous, elle ne sera pour vous qu’une fable. Mais encore un mot d’avertissement. Vous ferez bien de donner toute votre attention à la pièce : elle ne roule pas sur l’amour comme toutes les autres ; on n’y entend point de ces vers trop libres qui ne peuvent se répéter ; il n’y a ni entremetteur parjure, ni courtisane perfide, ni soldat fanfaron. Et ne vous épouvantez pas parce que j’ai dit que les Étoliens sont en guerre avec les Éléens. Toutes les batailles se livreront hors du théâtre : il ne nous conviendrait pas, avec une mise en scène comique, d’improviser une représentation de tragédie. Si donc quelqu’un parmi vous aime les combats, qu’il aille se faire une querelle ailleurs ; et s’il tombe sur un adversaire plus fort que lui, il aura assisté, grâce à moi, à une bataille qui le dégoûtera d’en voir d’autres. Je me retire. Adieu, juges si équitables dans la paix, soldats si valeureux dans les combats.