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CHRYSALE. Alors il s’est mis à dire que c’était une pièce fausse, qu’il ne la connaissait pas. Et que de gros mots à votre fils, comme si c’eût été un fripon ! il l’accusait de faire le métier de faussaire.

NICOBULE. Mais enfin avez-vous l’or ? c’est cela qu’il faut d’abord me dire.

CHRYSALE. Le préteur nomme des commissaires ; on le condamne, et il est obligé de rendre douze cents philippes d’or.

NICOBULE. C’est bien la somme qu’il me doit.

CHRYSALE. Mais écoutez la belle bataille qu’il a voulu nous livrer.

NICOBULE. Ce n’est pas fini ?

CHRYSALE. Non, attention ! et de trois.

NICOBULE. Que j’ai été dupe d’aller confier mon or à cet étranger, à un Autolycus[1] !

CHRYSALE. Mais écoutez-moi donc.

NICOBULE. Je ne croyais pas qu’il eût l’âme si cupide.

CHRYSALE. Après avoir touché l’or, nous nous embarquons, impatients de revoir nos foyers. J’étais assis sur le tillac, et je regardais de côté et d’autre, quand je vois appareiller un vaisseau.

NICOBULE. Ouf ! je n’en puis plus, voilà un vaisseau qui me perce le flanc.

CHRYSALE. C’était la propriété commune de votre hôte et de pirates.

NICOBULE. Ai-je été bûche de me fier à lui ! Son nom seul d’Archidémide ne me criait-il pas qu’il me dépouillerait si je lui faisais crédit ?

CHRYSALE. Ce vaisseau guettait notre bâtiment. J’observe ce qu’ils vont faire. Cependant nous sortons du port. Eux aussitôt nous suivent à force de rames ; ils volent plus vite que l’oiseau, que le vent. Je reconnais de quoi il s’agit, nous mettons en panne à l’instant. Dès qu’ils nous voient immobiles, ils se mettent à courir des bordées dans le port.

NICOBULE. Les scélérats ! et que fîtes-vous alors ?

CHRYSALE. Nous rentrons.

NICOBULE. C’était sagement fait ; mais eux ?

CHRYSALE. Eux ? le soir ils regagnent la terre.

NICOBULE. Ils voulaient vous prendre votre or, voilà ce qui leur tenait au cœur.

  1. Aïeul maternel d’Ulysse. Homère dit, Odyssée, chant xx, qu’il « l’emportait sur tous les hommes pour le vol et le parjure. »