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d’avoir vu Pistoclère ; il a dû recevoir une lettre de son ami Mnésiloque au sujet de sa maîtresse Bacchis.




SCÈNE II. — PISTOCLÈRE, CHRYSALE.


PISTOCLÈRE, à Bacchis qui est dans la maison. Il est bien nécessaire de tant me prier de revenir ! Je voudrais m’éloigner que je ne le pourrais, tant je suis enchaîné par les liens de l’amour.

CHRYSALE. Dieux immortels, c’est Pistoclère que j’aperçois. Bonjour, Pistoclère.

PISTOCLÈRE. Bonjour, Chrysale.

CHRYSALE. Je vais vous économiser bien des paroles. Vous êtes joyeux de mon arrivée, et je vous crois. Vous m’offrez, comme de juste, l’hospitalité et un repas de bienvenue ; vous pouvez compter sur moi. J’ai mille compliments à vous faire de la part de votre ami. Vous me demanderez où il est.

PISTOCLÈRE. Se porte-t-il bien ?

CHRYSALE. C’est ce que j’allais vous demander.

PISTOCLÈRE. Comment puis-je le savoir ?

CHRYSALE. Mieux que personne.

PISTOCLÈRE. De quelle manière ?

CHRYSALE. Parce que, si celle qu’il aime est retrouvée, il vit et se porte à merveille ; si elle ne l'est pas, il languit, il est à l’agonie. Une maîtresse est l’âme de son amant. Elle s’éloigne, il ne vit plus ; elle est là, gare la bourse ! et lui-même souffre et pâtit. Mais avez-vous fait ce qu’il vous recommandait ?

PISTOCLÈRE. Eh ! du moment que j’ai reçu son message, pourrais-je ne pas lui montrer, à son retour, les choses dans l’état où il les désire ? J’aimerais mieux habiter les bords de l’Achéron.

CHRYSALE. Ainsi vous avez retrouvé Bacchis ?

PISTOCLÈRE. Oui, celle de Samos.

CHRYSALE. Prenez garde, alors, de la laisser toucher par quelque étourdi. Vous savez combien la poterie de Samos est fragile.

PISTOCLÈRE. Toujours le même !

CHRYSALE. Et, je vous prie, où est-elle maintenant ?

PISTOCLÈRE. Dans cette maison d’où tu viens de me voir sortir.

CHRYSALE. C’est charmant ! tout à fait dans notre voisinage. Et se souvient-elle de Mnésiloque ?