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PISTOCLÈRE. Vous le saurez quand vous le verrez.

LYDUS. Vous n’en aurez point, je ne le souffrirai pas ; je vais à la maison.

PISTOCLÈRE. Pas de cela, Lydus, ou prenez garde.

LYDUS. Qu’est-ce à dire, que je prenne garde ?

PISTOCLÈRE. Je ne suis plus d’âge à rester sous votre férule.

LYDUS. Ô terre, que ne t’entr’ouvres-tu pour m’engloutir ? j’en aurais tant de joie ! Je vois plus que je n’aurais voulu voir, et la mort me serait bien plus douce que la vie. Un élève menacer son maître ! Ah ! fi de ces écoliers chez qui le sang bouillonne dans les veines ! un gaillard comme cela viendrait vite à bout d’un pauvre vieux qui n’en peut plus.

PISTOCLÈRE. Je me changerai en Hercule, n’est-ce pas, et vous serez Linus.

LYDUS. Ah ! je crains bien plutôt d’être un autre Phénix[1] et d’aller annoncer à votre père que son fils est mort.

PISTOCLÈRE. Trêve de sornettes.

LYDUS. Il a perdu tout respect. C’est une triste emplette, à votre âge, que tant d’impudence. C’en est fait de lui. Ne songez-vous donc pas que vous avez un père ?

PISTOCLÈRE. Suis-je votre esclave ? ou êtes-vous le mien ?

LYDUS. C’est un maître pire que moi qui vous a enseigné ce langage. Vous êtes plus docile à de telles leçons qu’à celles que je vous ai données en pure perte.

PISTOCLÈRE. Jusqu’ici, Lydus, on a laissé carrière à votre langue. Mais c’est assez ; qu’on me suive et qu’on se taise.

LYDUS. Ah ! vous avez fait un chef-d’œuvre de malice, à votre âge, de cachera votre père et à moi vos déportements. (Ils entrent chez Bacchis.)


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ACTE II.


SCÈNE I. — CHRYSALE.


Patrie de mon maître, salut ! Il y a deux ans, je t’ai quittée pour Éphèse ; je suis heureux de te revoir. Salut, Apollon notre voisin, dont le temple touche notre maison ; fais, je t’en supplie, que je ne rencontre pas notre vieux Nicobule avant

  1. Le gouverneur d’Achille.