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tiens-je entre les mains ? Il y a plus de deux mille Philippes d’or. Appelons vite Euclion. Euclion, Euclion !

MÉGADORE. Euclion, Euclion !

EUCLION. Qu’y a-t-il de nouveau ?

LYCONIDE. Descendez ici ; les dieux vous protègent ; voila votre trésor retrouvé.

EUCLION. L’avez-vous ? ou voulez-vous encore vous moquer de moi ?

LYCONIDE. Nous l'avons, Vous dis-je. Venez vite, si vous le pouvez.

EUCLION, sur la scène. Ô grand Jupiter ! ô dieu domestique ! ô reine Junon, et vous Alcide notre trésorier ! enfin vous avez eu pitié d’un malheureux vieillard ! Ô mon cher trésor ! ton vieil ami brûle de te serrer dans ses bras, de te couvrir de baisers. Mille caresses ne peuvent me suffire ! Ô mon unique espoir, ô mon cœur ! tu mets un terme à mon deuil, à mes chagrins !

LYCONIDE. J’ai toujours pensé qu’il n’y a rien de pire pour les enfants, les hommes faits, et les vieillards, que de manquer d’argent. L’indulgence contraint les enfants à se comporter mal, les hommes faits à voler, les vieillards à mendier, mais je vois que c’est bien pis encore d’en avoir au delà du nécessaire. Hélas ! que de peines a dû supporter Euclion, pour la perte momentanée de son trésor !

EUCLION. À qui dois-je mes remercîments ? Est-ce aux dieux qui protègent les gens de bien ? est-ce à mes amis, aux gens de bien eux-mêmes ? Remercions les uns et les autres ; ce sera le mieux. C’est à vous surtout, Lyconide, principe, auteur de tant de biens. Je vous donne cette marmite remplie d’or, recevez-la d’aussi bon cœur que je vous l’offre. Je veux aussi que vous épousiez ma fille ; j’en prends à témoin Mégadore et sa respectable sœur Eunomie.

LYCONIDE, à Euclion. Je sens, comme je le dois, l’obligation que je vous ai. Mes vœux sont comblés, puisqu’Euclion consent à devenir mon beau-père.

EUCLION. Je suis assez récompensé, si vous acceptez mon présent et mon amitié.

LYCONIDE. Je les reçois, et je veux désormais regarder la maison d’Euclion comme la mienne.

STROBILE, à Lyconide. Souvenez-vous, mon cher maître, de ce qu’il nous reste à faire. Je dois être affranchi.

LYCONIDE, donnant un petit soufflet à Strobile. Tu as raison,