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INTRODUCTION.

Les comédies de Plaute ne sont pas de nature à être mises dans toutes les mains : ce n’est pas que la décence y soit outragée aussi souvent qu’on se plaît à le dire ; mais, dans son théâtre, il y a peu de pièces où l’on ne rencontre quelques plaisanteries grossières, quelques passages licencieux, quelques scènes que tout le monde ne peut lire. À ma connaissance, Shakspeare seul pousse aussi loin ces jeux peu délicats. Il semblerait donc que le premier devoir d’un traducteur fidèle devrait être de s’excuser pour avoir interprété avec le même soin que le reste, tout en les adoucissant, tout en évitant les expressions de mauvaise compagnie, ces endroits scabreux, d’une liberté plus que fescennine.

Cependant je ne me sens nullement disposé à faire cette amende honorable, et voici pourquoi : ces plaisanteries blâmables ne sont pas tout Plaute, il s’en faut, mais il les place toujours de telle manière que, si on les supprime, on rompt la suite du dialogue, quelquefois même de l’action ; et si on les déguise, on tombe dans ces contre-sens burlesques où une honnête et louable ignorance a jeté si souvent Mme Dacier, et on défigure son auteur. Je comprends à merveille que l’on ne traduise pas un Martial, où la grossièreté la plus immonde tient trop souvent la place de l’esprit ; je comprends qu’on retranche d’un Aristophane tant de passages orduriers, qui ne sont chez lui la plupart du temps que des hors-d’œuvre ; qu’on enlève à un Juvénal certains vers d’une énergie repoussante, dont Plaute, Dieu