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MÉGADORE. Vous allez le savoir. Connaissez-vous le vieil Euclion, un pauvre homme qui demeure ici près ?

EUNOMIE. Oui, un assez brave homme, je crois.

MÉGADORE. Eh bien ! je veux épouser sa fille. Pas tant de paroles, ma sœur ; je sais ce que vous allez me dire : elle est pauvre ; mais pauvre elle me plaît.

EUNOMIE. Que les dieux vous soient en aide !

MÉGADORE. Je l’espère bien.

EUNOMIE. Avez-vous autre chose à me dire ?

MÉGADORE. Adieu.

EUNOMIE. Bonjour, mon frère. (Elle sort.)

MÉGADORE. Je vais voir si Euclion est chez lui ; mais le voici. Je n’imagine pas d’où il peut venir.




SCÈNE II. - EUCLION, MÉGADORE.


EUCLION, sans voir Mégadore. Quelque chose me disait bien, quand je suis sorti, que je faisais une course inutile. Aussi je m’en allais malgré moi. Personne de la curie ne s’est présenté, ni même le chef, qui devait faire cette distribution d’argent. Je me hâte de rentrer, car tandis que je suis ici, ma pensée est à la maison.

MÉGADORE. Salut, Euclion ! puissiez-vous être toujours heureux !

EUCLION. Les dieux vous protègent, Mégadore !

MÉGADORE. Eh bien ! la santé est-elle aussi bonne que vous le désirez ?

EUCLION, à part. Ce n’est jamais sans cause que le riche aborde le pauvre. Voilà un homme qui sait que j’ai de l’or ; c’est pour cela qu’il est si poli.

MÉGADORE. Que dites-vous ? cela va bien ?

EUCLION. Eh ! la bourse ne va guère.

MÉGADORE. Bon ! si vous savez vous contenter, vous avez assez pour vivre heureux.

EUCLION, à part. La vieille coquine lui aura parlé de mon or : c’est clair comme le jour. Mais je lui couperai la langue et lui crèverai les yeux.

MÉGADORE. Qu’avez-vous donc à parler tout seul ?

EUCLION. Je gémis de ma pauvreté. J’ai une grande fille, mais sans dot, et qui n’est pas de défaite ; je ne puis lui trouver un parti.