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STAPHYLA. Je rentre et me tais.

EUCLION. Et mets bien les deux verrous. Je ne fais qu’aller et venir. (Staphyla rentre.)



SCÈNE IV. - EUCLION.


J’enrage d’être obligé de m’absenter. C’est bien malgré moi, mais j’ai affaire. Le chef de notre curie a fait annoncer une distribution d’argent ; si je ne me présente pas pour avoir ma part, on me soupçonnera bien vite d’avoir de l’or chez moi. Quelle apparence qu’un pauvre homme fasse fi même d’une obole ? J’ai beau m’intriguer pour cacher mon secret, il semble que tout le monde le sache ; on me salue avec plus de politesse qu’autrefois ; on m’aborde, on s’arrête ; on me donne la main ; on s’informe de ma santé, de mes affaires. Mais allons vite là-bas, pour revenir encore plus vite.



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ACTE II.



SCÈNE I. — EUNOMIE, MÉGADORE.


EUNOMIE. Ce que je vous en dis, mon frère, croyez-le bien, c’est par affection et dans votre intérêt, comme il convient à une bonne sœur. Je n’ignore pas que nous avons la réputation, nous autres femmes, d’être tint soit peu importunes. On nous trouve passablement bavardes, et l’on n’a pas tout à fait tort ; on dit même qu’on n’a jamais vil de femme muette. Mais, mon frère, après tout, songez-y, nous sommes l’un à l’autre nos plus proches parents. Il est juste que chacun de nous se préoccupe du bonheur de l’autre, et le conseille, et ne se taise pas par timidité ; nous ne devons rien nous cacher. C’est pour cela que je vous ai pris ici en particulier ; je veux vous entretenir de vos intérêts.

MÉGADORE. Touchez là, excellente femme !

EUNOMIE, regardant autour d’elle. Où est-elle ? qui est cette excellente femme ?

MÉGADORE. Eh ! vous-même.

EUNOMIE. Moi ?

MÉGADORE. Si vous dites non, je me rétracte.