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jeune femme amenée dans votre chambre ? Je serais désolé de vous voir aussi indifférent pour tout le reste…. (700) Allons, calmez-vous ; vous l’épouserez.

AE. Ah !

MI. Calmez-vous donc, vous dis-je.

AE. Mon père, de grâce, ne vous jouez-vous point de moi ?

MI. Moi ? me jouer ?… Et pourquoi ?

AE. Je ne sais ; mais plus je désire ardemment que vous disiez vrai, plus j’appréhende…

MI. Rentrez à la maison, et priez les dieux, afin de pouvoir faire venir ensuite votre femme ; allez.

AE. Quoi ? ma femme ?… déjà ?

MI. Tout à l’heure.

AE. Tout à l’heure ?

MI. Autant que faire se pourra.

AE. Que les dieux me confondent, (705) si je ne vous aime plus que ma vie, ô mon père !

MI. Comment ! plus qu’elle ?

AE. Autant.

MI. Très bien.

AE. Mais le parent de Milet, où est-il ?

MI. Parti, disparu, embarqué. Qu’attendez-vous donc ?

AE. Ah ! mon père, allez plutôt vous-même prier les dieux ; ils vous exauceront plutôt que moi, j’en suis sûr ; car vous valez cent fois mieux.

MI. (710) Je vais faire tout préparer au logis ; vous, croyez-moi, faites ce que je vous ai dit.

AE. (seul). Où en suis-je ? Est-ce là un père ? est-ce là un fils ? S’il était mon frère ou mon ami, serait-il plus complaisant ? Et je ne l’aimerais pas ? et je ne le porterais pas dans mon cœur ? Ah ! aussi son indulgence me fait une loi de me surveiller avec soin, (715) pour ne pas faire involontairement ce qui pourrait lui déplaire : volontairement, cela ne m’arrivera jamais. Allons, rentrons ; il ne faut pas retarder moi-même mon mariage.

ACTE IV, SCENE VI (Déméa, seul)

DE. (seul) Je n’en puis plus, tant j’ai trotté. Ah ! Syrus, que le ciel te confonde avec tes indications ! J’ai fait toute la ville, la porte, l’abreuvoir, (720) que sais-je ? Pas plus de fabrique là-bas que sur ma main ; personne qui eût vu mon frère. Maintenant je suis bien décidé à m’installer chez lui jusqu’à ce qu’il revienne.


SCENE VII (Micion, Déméa)

MI. (à son fils) Je vais leur dire que nous sommes prêts.

DE. Mais le voici. (haut) Il y a longtemps que je vous cherche, mon frère.

MI. (725) Que voulez-vous ?

DE. Je vous apporte de bonnes, d’excellentes nouvelles de ce vertueux enfant.

MI. Encore…

DE. Des monstruosités, des crimes.

MI. Oh ! je vous arrête.

DE. Mais vous ne le connaissez pas.

MI. Je le connais très bien.

DE. Vieux fou ! vous vous imaginez que je veux vous parler de la chanteuse ; i ! s’agit d’un attentat sur une citoyenne.

MI. Je sais.

DE. (730) Comment ! vous savez, et laissez faire

MI. Pourquoi pas ?

DE. Eh quoi, vous ne jetez pas les hauts cris ? Vous ne perdez pas la tête ?

MI. Non, j’aimerais mieux…

DE. Mais il y a un enfant.

MI. Que les dieux veillent sur lui !

DE. La jeune fille n’a rien.