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SY. C’est le chemin ; montez la place tout droit. Quand vous serez en haut, vous trouverez une rue qui descend ; prenez-la. Ensuite, à main gauche, il y a un petit temple, et tout auprès une ruelle, là près de ce grand figuier sauvage… Vous savez ?

DE. J’y suis.

SY. C’est par là qu’il faut prendre.

DE. Mais c’est une impasse.

SY. (580) Vous avez raison, ma foi. Faut-il que je sois bête ! Je me trompais. Revenons à la galerie. Voici un chemin plus court, et qui vous obligera à moins de détours. Vous connaissez la maison de Cratinus, cet homme si riche ?

DE. Oui.

SY. Quand vous l’aurez passée, tournez à gauche, le long de la place. Quand vous serez au temple de Diane, (585) prenez à droite. Avant d’arriver à la porte de la ville, près de l’abreuvoir, il y a un petit moulin, et vis-à-vis une boutique de menuisier. C’est là qu’il est.

DE. Et qu’y fait-il ?

SY. Il a commandé de petits lits à pieds de chêne, pour manger en plein air.

DE. Et pour y boire à votre aise, vous autres ?

SY. Certainement.

DE. Dépêchons-nous d’aller le trouver. (il sort)

SY. Oui, va ! Je te ferai trotter aujourd’hui comme tu le mérites, vieille rosse ! (590) Mais Eschine n’arrive point, l’insupportable ; le dîner se gâte. Ctésiphon de son côté ne songe qu’à ses amours. Occupons-nous un peu aussi de nos affaires. Allons à la cuisine choisir ce qu’il y aura de plus beau et de meilleur, et passons tout doucement journée en gobelettant.

SCENE III (Micion, Hégion)

MI. Je ne vois rien dans tout ceci qui mérite tant de reconnaissance, Hégion ; (595) je ne fais que mon devoir. Nous avons commis une faute ; je la répare. Vous m’avez donc cru de ces gens qui trouvent qu’on les insulte lorsqu’on leur demande raison des torts qu’ils ont eus, et qui sont les premiers à se plaindre ? Parce que je n’en use pas ainsi, vous me remerciez !

HE. Ah ! point du tout ; je vous ai toujours estimé ce que vous êtes. (600) Mais, je vous en prie, Micion, venez avec moi chez la mère de la jeune fille, et répétez-lui vous-même ce que vous m’avez dit, qu’Eschine est soupçonné à cause de son frère ; que cette chanteuse n’est pas pour lui.

MI. Si vous le jugez à propos et que la chose soit nécessaire, allons.

HE. C’est bien à vous. Car vous rendrez un peu de calme à cette jeune fille, qui se consume dans le chagrin et les larmes, (605) et vous remplirez un devoir. Cependant, si vous êtes d’un autre avis que moi, j’irai seul lui rapporter ce que vous m’avez dit.

MI. Non, non, j’irai moi-même.

HE. Vous faites bien. Les gens qui sont dans le malheur sont toujours, je ne sais pourquoi, plus susceptibles que les autres, et plus disposés à prendre tout en mauvaise part ; ils croient toujours qu’on les méprise à cause de leur pauvreté. (610) Allez donc vous-même justifier Eschine ; c’est le meilleur moyen de les tranquilliser.MI. C’est juste, vous avez raison.

HE. Je vais vous montrer le chemin.

MI. Très volontiers.