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de mes ouvriers qui revient de la campagne et qui m’assure que mon fils n’y est pas. Que faire ? je l’ignore.

CT. (545) Syrus ?

SY. Hé bien ?

CT. Me cherche-t-il ?

SY. Oui.

CT. C’est fait de moi.

SY. Soyez donc tranquille.

DE. Malepeste ! quel contretemps ! je n’y comprends rien, sinon que je suis né tout exprès pour éprouver tous les déboires : c’est toujours moi le premier qui vois venir le mal, le premier qui l’apprends, le premier qui en porte la nouvelle aux autres, et je suis encore le seul qui m’en tourmente.

SY. (550) Il me fait rire ; il sait tout le premier, dit-il, et il est le seul qui ne sache rien.

DE. Puisque me voici revenu, voyons si par hasard mon frère ne serait pas de retour.

CT. Syrus, prends bien garde, je t’en conjure, qu’il ne nous tombe ici comme la foudre.

SY. Encore une fois, vous tairez-vous ? Je suis là.

CT. Oh ! je n’ai garde aujourd’hui de me reposer sur toi ; je vais m’enfoncer avec elle dans quelque bonne cachette : c’est le plus sûr.

SY. (555) Soit. Je ne m’en vais pas moins le faire déguerpir.

DE. (à part) Mais voici ce coquin de Syrus.

SY. (feignant de ne pas le voir) Non, par ma foi, il n’y a plus moyen d’y tenir, si ce train-là continue. Je voudrais bien savoir enfin combien j’ai de maîtres. Quelle galère !

DE. (à part) Que chante-t-il donc là ? A qui en a-t-il ? (haut) Que dites-vous, l’homme de bien ? Mon frère est-il chez lui ?

SY. Que voulez-vous dire vous-même avec votre homme de bien ? je n’en puis plus.

DE. Que t’est-il arrivé ?

SY. (560) Ce qui m’est arrivé ? Que Ctésiphon nous a assommés de coups, cette chanteuse et moi.

DE Hein ! que dis-tu ?

SY. Tenez, voyez comme il m’a déchiré la lèvre !

DE. A quel propos ?

SY. Il prétend que c’est moi qui ai conseillé de l’acheter.

DE. Ne m’avais-tu pas dit que tu venais de le conduire jusqu’à la campagne ?

SY. C’est vrai ; mais il est revenu sur ses pas comme un furieux, ne connaissant rien. Battre ainsi un pauvre vieillard ! N’a-t-il pas de honte ? (565) moi qui le portais, il n’y a pas encore longtemps, dans mes bras, pas plus grand que cela.

DE. Bien, très bien, Ctésiphon ! Tu tiens de ton père Va, tu es un homme à présent.

SY. Vous l’approuvez ? Mais une autre fois, s’il est sage, il n’aura pas la main si leste.

DE. Un homme de cœur.

SY. En effet ; il a battu une pauvre femme et un malheureux esclave qui n’osait lui riposter. Ah ! oui, un homme de cœur.

DE. (570) Il a très bien fait. Il a pensé comme moi que tu étais le meneur de cette intrigue. Mais mon frère est-il chez lui ?

SY. Non.

DE. Je me demande où je pourrai le trouver.

SY. Je sais bien où il est ; mais que je meure si je vous l’indique d’aujourd’hui.

DE. Hein ! que dis-tu ?

SY. C’est comme cela.

DE. Je vais te casser la tête.

SY. Je ne connais pas le nom de la personne ; mais je sais l’endroit.

DE. Eh bien, l’endroit ?

SY. (575) Vous savez cette galerie, près du marché, en descendant ?

DE. Oui.